63. soigner les pédé, une opinion tenace
La semaine dernière, l'archevêque de San Sebastian,
en Espagne, y est allé de son couplet contre le mariage gay. Mais mon
attention a été attirée par le fait qu'il voulait se dédouaner du
qualificatif d'homophobe.
Il n'est pas un homophobe, selon lui,
puisqu'il est d'accord qu'il faut donner aux homosexuels toute l'aide
psychologique possible pour les aider à supporter voire surmonter leur
triste état. Mais que, bien sûr, il fallait se garder de donner un
statut civil à ce qui n'est, au mieux, qu'un handicap, et au pire, une
maladie.
C'est ce qui m'a souvent énervé chez certains prélats
catholiques, le refus d'adopter les positions scientifiques qui
contrediraient leurs préjugés moraux, surtout s'ils sont anciens.
C'était
déjà le cas à l'époque de Galilée ou de Darwin. C'est encore clairement
le cas aujourd'hui chez de nombreux catholiques conservateurs, sans
parler des fondamentalistes de tous bords pour lesquels la Bible est un
livre historique et scientifique dicté d'un bout à l'autre par Dieu
lui-même.
Pourtant, je lisait l'autre jour un article sur les
soi-disant thérapies réparatives pour l'orientation sexuelle et je
lisais entre autres ceci (la traduction est de moi et donc elle vaut ce
qu'elle vaut). L'article est tiré du site de la PFLAG (parents & friends of lesbians and gay), une des plus importantes associations d'homophiles au monde, et l'Association of Practising Psychiatrists est le groupement de loin le plus important en matière de psychiatrie en Australie.
"Il n'y a pas de preuve pour affirmer qu'on peut avec succès changer son orientation sexuelles", ainsi s'exprime Doug Haldeman, professeur à la University of Washington et président national de l'Association of Practicing Psychiatrists, qui a été invité à s'adresser à la conférence de la PFLAG le 9 juillet.
"Il y a, au contraire, des preuves en nombre considérable qui suggèrent que beaucoup ont été psychologiquement traumatisés dans leurs tentatives de changer leur orientation sexuelle. Et notamment parce qu'ils éprouvent des degrés importants de honte et de désespoir."
Doug Haldeman ainsi que Jon Wartes, un conseiller en milieu scolaire qui a lancé l'opératon Love Welcomes All dans de nombreuses écoles des USA, répètent qu'ils ont vu de première main combien des efforts pour changer les gay et les lesbiennes ont causé de dépressions et de comportements suicidaires.
"De plus, lier l'orientation homosexuelle avec" d'autres tendances négatives ou 'péchés', comme l'adultère, la violence voire le meurtre, par exemple, "est une affirmation scientifiquement honteuse" car "elle ajoute une énorme quantité de stress sur les gay, en particulier ceux qui ont de profondes croyances religieuses", ajoute Doug Haldeman.
L'un des porte-parole du mouvement inverse (anti-gay) Love Won Out est Joseph Nicolosi, un psychologue californien qui se dit spécialiste dans le traitement de "l'homosexualité non désirée" chez les hommes.
Il a bâti sa thérorie sur la notion de "défaillance d'attachement affectif" au père et "d'incapacité de se séparer de la mère" afin d'acquérir une véritable identité masculine.
Nicolosi a publié un article intitulé "Psychotherapy for the Gay Teenager," dans lequel il écrit notamment: "Les premières 10 années de l'adolescence sont une période critique pendant lequel un jeune potentiellement hétéro pourrait être encouragé à essayer des relations sexuelles homo. Je crois que nous sommes tous des hétérosexuels, mais certains ont un problème homosexuel."
Pour Doug Haldeman, qui a publié ses propres articles dans une perspective inverse, des années de recherche diversifiées ont montré "qu'il n'y a absolument rien pour marquer l'orientation homosexuelle comme un problème, si ce n'est les dommages causés par la société lorsqu'elle exprime des préjugés négatifs contre les gay.
"Et les Églises, conclut-il, ont un pouvoir majeur pour que ces préjugés changent".
C'est ce qui me fait dire que ces évêques homophobes sont en faute.
Techniquement, c'est au minimum un péché d'omission. Une information
non-biaisée leur ferait dire, devant les caméras et dans les magazines,
autre chose que le maléfique "les homosexuels sont des malades et ils
sont contagieux" ou même "les homosexuels sont un danger pour la
société et une offense à Dieu".
Moralement, ils sont responsables des jeunes gay qui se suicident et des violences homophobes (verbales ou physiques).
C'est
peut-être dur de leur dire ça, mais la dureté est d'abord vécue par les
gay de nombreux pays et de nombreuses régions. Dans le rapport
d'Amnesty sur la violence homophobe, on retrouve encore beaucoup trop
de pays chrétiens. Et les pays qui ont criminalisé l'homophobie l'ont
hélas souvent fait contre l'opinion exprimée des épiscopats locaux (qui auraient préféré parfois criminaliser l'homosexualité).
Pour plus d'information sur le sujet, on peut voir:
- American Medical Association Resolution
- American Psychological Association Statement
- American Psychiatric Association Statement
et bien sûr les documents de la PFLAG