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Un Blogue CathoGay
4 juin 2005

64. pédé comme un pingouin

pour lire l'article pédé comme un pingouin

 

Souvent, quand j'invite des amis hétéro pour dîner, arrive la question de l'origine de l'homosexualité. Et les conversations sont pratiquement chaque fois consternantes de prévisibilité.

 

Les uns (ceux qui sont moyennent homophobes, et notamment les catholiques bon tein) veulent qu'il s'agisse d'un traumatisme de l'enfance ou de l'adolescence. Et donc, prenons-les en pitié ces pauvres pédé, et finançons leur thérapie chez de bons psychologues. En gros, d'ailleurs, c'est la théorie vaticane dominante.

 

Puis il y a ceux qui sont légèrement homophobes, qui disent que les pédé sont des handicapés. Ils sont privés de l'orientation hétérosexuelle et ne la retrouveront jamais. Et comme pour les aveugles et les sourds, il faut les intégrer en leurs donnant des espaces adaptés dans la société civile.

 

Souvent aussi, à ce stade de la discussion, je m'énerve un peu et je leur rappelle qu'il y a tout de même une excellente littérature scientifique sur le sujet (pratiquement depuis un siècle, et certainement depuis les années 80), même si elle n'est souvent disponible qu'en anglais.

 

Et je présente toujours l'excellent livre de Bruce Bagemihl, "Biological Exuberance: Animal Homosexuality and Natural Diversity" (1999). Ce cher Bruce y compile tout d'abord l'énorme bibliographie sur l'homosexualité chez les animaux, présentée espèce par espèce, pratiquement depuis que la zoologie scientifique existe.

 

Où l'on voit qu'effectivement, les phoques sont pédé à 40% pour les mâles, et que les pingouins le sont tellement que les femelles doivent se travestir en mâle si elles veulent se faire fertiliser...

 

C'est très amusant à lire.

 

Mais surtout, l'excellente introduction du livre nous pose deux questions scientifiques de base auxquelles chacun doit aboutir en toute honnêteté:

 

1. si, statistiquement, le pourcentage d'homosexuels dans une population animale est constant d'année en année et de région en région, comment peut-on prétendre qu'il s'agit d'accidents de la nature ou de handicaps? Cela ne tient pas debout... Quand un soi-disant hasard de la nature se répète systématiquement de la même manière, ce n'est pas sérieux de dire que c'est un hasard. Or, les accidents ou les handicaps ne se présentent pas de manière statistiquement constante.

 

Donc, première conclusion logique: La nature "veut" une certaine proportion d'homosexuels dans chaque espèce, y compris l'espèce humaine. Mais pourquoi le veut-elle? D'où la 2ème réflexion...

 

2. Si l'on prend au sérieux les lois de l'évolution découvertes par Darwin mais définies par la suite par ses successeurs (et l'Église Catholique le fait, contrairement à certains fondamentalistes chrétiens de toutes dénominations), on doit se souvenir qu'une espèce dans laquelle apparaît une nouvelle caractéristique va certainement (a) éliminer la caractéristique si elle est nuisible à la survie de l'espèce, (b) assimiler cette caractéristique si elle est favorable à la survie de l'espèce, ou (c) disparaître sous l'effet de cette caractéristique néfaste.

 

On peut prendre de nombreux exemples, notamment le cou des girafes ou les rayures des zèbres.

 

Or, rappelle Bagemihl, les homosexuels existent chez les animaux et chez l'homme depuis des siècles. Comment peut-on prétendre qu'ils sont nuisibles à la survie de l'espèce alors que la nature les produit de nouveau à chaque génération. Au contraire, il faut en déduire que leur présence est un facteur positif nécessaire au développement de l'espèce en question.

 

Passons à l'homme: quand va-t-on admettre que l'homosexualité n'est ni un traumatisme de l'adolescence ou de l'enfance, ni un handicap, mais bien un élement minoritaire de la sexualité humaine que la nature renouvèle de génération en génération pour la survie de l'espèce humaine?

 

Et quand va-t-on financer les études scientifiques pour l'homme tout comme on l'a fait pour les animaux? On sait maintenant à quoi servent les individus homosexuels chez les ours, ou les loups ou d'autres animaux. Où en sont les études pour montrer l'apport indispensable des homosexuels depuis les origines de l'humanité et aujourd'hui encore? C'est tout de même un comble qu'on connaisse mieux l'utilité des individus homosexuels chez les loups pour la survie de leur espèce mais qu'on l'ignore encore pour l'homme!

 

Enfin, il faut empêcher l'homophobie, non pas parce que les homophobes sont "méchants", mais parce qu'ils agissent contre les intérêts de la survie de l'humanité. Ils sont un danger pour l'espèce humaine.

 

Et je conclus souvent la discussion en disant: les homosexuels sont non seulement utiles mais même nécessaires à la survie de l'espèce humaine. Tant pis pour ceux qui croient qu'ils gênent la procréation, on voit grâce à Bagemihl que c'est le contraire. Les homosexuels ont donc bien raison d'être fiers: ils ont un rôle à jouer, une mission qui leur vient de la nature. Ils apportent à l'humanité quelque chose qu'eux seuls peuvent apporter.

 

Je vous conseille donc ce livre, surtout l'introduction.

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