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Un Blogue CathoGay
13 janvier 2007

374. les petits poissons

On vient de m'envoyer un article sur le projet de loi espagnol en vue d'indemniser les homosexuels victimes du franquisme. On n'ignore pas que des milliers de gay espagnols ont été arrêtés, torturés, enfermés dans des institutions (pseudo) psychiatriques pendant toute la période de la dictature du général Franco.

Bien sûr, tout comme pour les victimes du nazisme ou du stalinisme, les homosexuels représentent (statistiquement) un petit nombre par rapport à l'ensemble de ceux qui ont été écrasés, torturés ou tués par ces régimes autoritaires et brutaux. Néanmoins, il est important de noter que les victimes homo ont eu plus de mal à se faire reconnaître en tant que telles, et a fortiori à obtenir les mêmes indemnisations que les autres victimes.

Dans le cas espagnol, les survivants homo de la brutalité franquiste sont de moins en moins nombreux: il n'en resterait que quelques centaines à être en mesure de prétendre à la pension que le gouvernement s'apprête à voter. Néanmoins, le message adressé au grand public est d'une importance capitale: l'homophobie est un délit, et dans certains cas un crime. Sans parler du message envoyé aux homosexuels: "vous faites partie d'une minorité que l'Histoire a persécuté". Un message très important pour construire un sens communautaire qui dépasse la simple pratique sexuelle.

Dans un genre semblable, j'ai appris que les homo ont été parmi les toutes premières victimes du nazisme, dès 1933. Et cela dans l'indifférence quasi générale. Quelques semaines après son accession au pouvoir, Hitler installait ses premiers camps de concentration et les homo y ont été les premiers "clients".

Les dernières recherches sur l'Holocauste ont mis en évidence près de 20 mille centres de détention nazis dans toute l'Europe (trois ou quatre fois plus que ce que l'on connaissait il y a dix ans). Et on est loin d'avoir épluché les millions de documents et de listes de personnes emprisonnées, y compris pour homosexualité.

La Solution Finale, mise en place à la fin de la guerre, a bien sûr concentré l'attention sur le génocide de quelques 6 millions de Juifs Européens. Mais les historiens de l'Holocauste ont collecté des données qui permettent de connaître entre 20 et 50 mille noms d'homosexuels marqués du triangle rose. Bien qu'ils estiment que le nombre d'homo emprisonné soit plus important quand on sait qu'un prisonnier faisait tout pour éviter d'être repéré comme homo et donc préférait être "labélisé" communiste, Juif ou malade mental plutôt qu'homo.

Pourquoi ces deux rappels? Parce qu'au moment où l'on entend des autorités catholiques s'opposer aux législations qui protègent les couples homo, je veux garder à l'esprit où peut mener la diabolisation des homo. Je suis un peu étonné que quelqu'un comme le pape ait le droit de dire en public que les unions homosexuelles sont un grave danger pour la société, la jeunesse et l'institution sacrée de la famille,... et que personne dans le monde catholique ne se lève pour lui dire qu'il n'a aucune preuve de ce qu'il avance. Même chose quand des évêques disent que l'amour entre homo est une grave attaque contre un des piliers de la société, à savoir la famille,...

Une diatribe qui part du fait qu'une deuxième région du Mexique, l'état rural du Coahuila, va reconnaître les unions homosexuelles. Bravo à eux.

Même chose en Grande-Bretagne, où la très conservatrice Chambre des Lords a largement voté (par 199 voix contre 68) une loi contre toute discrimination des minorités sexuelles, malgré un large lobbying de plusieurs organisations religieuses, notamment l'épiscopat catholique. Un épiscopat qui n'hésite pas à dire en public que la protection légale des minorités sexuelles est une attaque directe contre la foi catholique, faisant ainsi de la promotion des droits des homosexuels une agression directe contre l'Église et même une atteinte à la Vie même, au même rang que l'avortement ou l'euthanasie. Les paroles prononcées au coeur même des eucharisties, des dizaines de veillées de prières organisées dans de nombreuses églises catholiques, sont un témoignage accablant contre cette hystérie homophobe.

Je n'ai pas peur d'affirmer que ces discours de ces hiérarques catholiques portent des semences de haine (et donc portent une responsabilité dans toute violence contre les homo) et que, parce qu'ils représentent une véritable calomnie homophobe, constituent bien la matière d'un péché grave.

Sans parler du dommage causé à bien des communautés locales. Car si la tendance "américaine" s'impose partout, les paroisses catholiques de par le monde vont devoir retirer tous les homo des services communautaires qu'ils rendent. Le document de l'épiscopat américain, basé sur le principe Hate the Sin, Love the Sinner ne fait aucun doute: tant que l'homosexualité de quelqu'un reste privée, pas de problème à ce qu'il rende des services à l'Église. Mais dès que cette homosexualité devient publique et "assumée", il faut que cette personne se retire des charges qu'elle assume dans la vie paroissiale (sans parler de les écarter de la communion eucharistique).

Mais à quelques jours de l'anniversaire de Martin Luther King, Jr. (célébré ce lundi 15 janvier), je préfère me réjouir que son fils, Martin Luther King III, ait affirmé prubliquement que son père et sa mère (Coretta Scott King, récemment décédée) ont toujours été très clair dans leur soutien des droits des homosexuels, et cela dès 1963.

Et puis j'aime bien aussi cet article qui constate que, curieusement, le fameux poisson (ichtus en grec) est un train de devenir un signe majeur des homosexuels catholiques et surtout de la pastorale auprès des minorités sexuelles. Et, tout comme l'auteur de l'article, je trouve aussi qu'il y a quelque chose du symbole providentiel à ce que le signe des premiers chrétiens, du temps de la persécution et des catacombes, devienne de plus en plus le signe des catholiques homosexuels... Une initiative qui date de 1984 et qui provient de l'archidiocèse de Los Angeles, avec la création du premier "vicariat" destiné aux homosexuels catholiques.

 

 

Les premiers chrétiens étaient connus comme les pisciculi (littéralement: les petits poissons ou fretins). Répétez plusieurs fois le mot à haute voix, et vous verrez que vous n'éviterez pas de sourire... Je me demande si je ne devrais pas porter un ichtus à la boutonnière...

 

 

Je vous laisse avec des nouvelles de ce très beau film: Bob et Jack, une aventure de 52 ans. Un petit documentaire. De l'héroïsme ordinaire. Une vraie preuve de l'existence de Dieu.

 

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