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Un Blogue CathoGay
31 janvier 2007

384. comme une girouette au vent

Comment nomme-t-on les habitants de la belle ville de Québec? Des Québécois, comme les habitants de la Province? Quoi qu'il en soit, mon estimé correspondant dans cette ville sympathique m'a envoyé un lien qui m'en a rappelé un autre.

Il s'agit d'un projet de l'armée américaine, dans les années 70, en vue de transformer les ennemis en homo et ainsi diminuer leur puissance militaire. L'article croit savoir que le projet n'a été abandonné qu'au début de ce siècle. Quoi qu'il en soit, j'en tire que, s'il n'a pas été prolongé, c'est qu'il ne menait absolument à rien et que la perte de puissance d'une armée d'homo reste encore à prouver. N'est-ce pas Philippe de Macédoine qui a été tellement impresionné par le Bataillon Sacré des Amants (à Thèbes?), des cuirassiers, qu'il en a bien vite créé un chez lui. On dit même que c'est contre ce Bataillon Sacré que son fils Alexandre, tout juste sorti des couvertures d'Aristote, a remporté sa première victoire militaire. John Boswell en parle dans l'un de ses livres, mais j'avoue ne pas avoir le courage de retrouver la page exacte.

Néanmoins, il y a encore des gens qui pensent qu'on peut changer d'orientation sexuelle "comme ça", par un claquement de doigts, sur un effet de mode ou bien à cause d'une rencontre ou d'une mauvaise expérience. La vraie girouette.

Pas plus tard que ce matin, une deuxième source me confirmait qu'à un recyclage pour professeurs de religion à l'Université de Louvain, un des intervenants avait froidement affirmé que, suite à la confusion à notre époque quant à l'identité sexuelle des hommes et des femmes, il était clair qu'il y avait plein d'hommes qui changeaient d'orientation, ne fut-ce qu'à l'essai. Avec de fréquents va et vient entre l'homo- et l'hétérosexualité. D'où la nécessité, toujours selon lui, que les hommes soient de vrais hommes et que les femmes soient de vraies femmes.

L'idiot.

Je ne comprends pas qu'on ne lui a pas envoyé dire que son charlatanisme pseudo scientifique n'avait rien à faire dans cette vénérable enceinte universitaire.

Hélas, il est fort à parier qu'un certain nombre de professeurs de religion catholique y ont cru, surtout ceux qui ont des prédispositions catho-bourgeoises. Bonjour les dégâts chez les jeunes élèves homo...

Comme si nous ne savions pas qu'il est impossible de transformer un hétéro en homo. Et Dieu sait si nous sommes des millions d'homo dans le monde à avoir essayé !!! Qui d'entre nous n'a pas eu cette affreuse aventure de tomber amoureux d'un hétéro, d'avoir tout tout tout TOUT essayé pour que les sentiments soient réciproques et qui se sont retrouvés face à un mur. S'il y a bien une tuile chez des homo, c'est de tomber amoureux d'un hétéro. C'est aussi terrible qu'une femme tombant amoureuse d'un homo. Ou peut-être pire...

Quant à l'inverse, quel est l'homo catholique qui n'a pas prié de toute la ferveur de son âme (parfois pendant des décennies) pour que Dieu le guérisse et opère sur lui le miracle que la prière est supposé produire? Ou le jeune ado catholique qui, dans son lit la nuit, qui ne pleure en suppliant Dieu: "Seigneur, je veux bien être tout ce que tu veux, mais pas homo. S'il te plaît, je t'en supplie, tout mais pas ça."

Non, suggérer que l'on change d'orientation au gré de la mode, du changement dans l'identité sexuelle de la femme à l'intérieur d'une société, c'est de la blague. Pas l'ombre d'une chance. De la fumisterie. Et baser sa pastorale sur ces prémices, c'est de la torture mentale pure et simple.

Par contre, ces pseudo sexologues ignorent complètement l'existence des bisexuels, dans la multitude de leurs comportements et de leurs préférences sexuelles. Or, justement, les bisexuels ne sont pas alternativement hétérosexuels puis homosexuels, ils sont tout simplement eux-mêmes, c'est-à-dire bisexuels, une autre orientation (et non un mélange des deux autres). Une orientation d'ailleurs largement méconnue et incomprise (à commencer par votre serviteur) et dont on découvre à peine qu'elle n'est pas un simple "éventail" entre l'hétéro et l'homo. Régulièrement, j'ai encore du courrier de gens qui pensent que l'hétéro et l'homo "à l'état pur" n'existent pas (ou rarement), mais bien une gradation entre les deux. C'est un cliché tellement "années 80" que ça en dit long sur ceux qui m'écrivent.

Tout ça pour dire qu'il y a, dans le monde intellectuel catholique, deux terrains à déminer d'urgence: celui de la place de la femme (parce que les homo sont toujours accusés de se féminiser et de perdre leur identité masculine, et de propager ce virus, quelle horreur), et puis celui de la bisexualité, qui est très largement ignoré dans la morale catholique (qui ne connaît que des hétéro à tendance homosexuelle, c'est à dire pas vraiment un homo et encore moins un bi).

Même en milieu gay (et cathogay), il est fréquent d'entendre dire que tout irait tellement mieux sans ces folles, ces travestis et tous ces efféminés qui capturent l'attention des média et qui font du tort à l'image des homo. Soyons réalistes: tant qu'un homme (homo ou hétéro) n'aura pas le droit d'être efféminé, les homo ne seront jamais vraiment acceptés. Tant qu'on dira que ressembler à une femme, c'est dégradant pour un homme, nous n'aurons jamais une véritable reconnaissance sociale. La promotion de la femme dans la société et dans l'Église est donc clairement un enjeu pour les homo, en particulier les cathogay.

Quant aux bisexuels, nous n'avons qu'une petite idée de leur sexualité, de leur vie associative, de leurs revendications sociales. Et là, pour le peu que j'en sache, il y a au moins quatre, cinq sinon six type différents de bisexuels. Chacun avec des vécus différents et des aspirations différentes. Et je salue en passant celui qui me lit tous les jours et qui, ayant trouvé la femme de sa vie, est pour le moment bien en peine de trouver l'homme de sa vie, celui qui va rendre son coeur de bi complet.

Donc, la légende selon laquelle on change facilement d'orientation a encore de beaux jours devant elle. Toute mon affection va vers ceux qui en seront les victimes.

Et pour conclure, je vous laisse sur l'excellent film québécois C.R.A.Z.Y., sorti en 2005, l'histoire du couple Beaulieu (entre les années 60 et 80) qui a cinq fils et dont nous suivons plus particulièrement les errances du quatrième, le "Z" comme dans Zachary (le 2ème en partant de la droite, sur la photo des cinq frères, puis les autres photo) qui est venu au monde une nuit de Noël. Une histoire que je vous recommande, en particulier pour ses débats intenses sur la place de la religion et de la foi.

Notamment la fameuse scène où Zach prie la nuit en pleurant et en suppliant Dieu pour qu'il soit "tout mais pas ça, je vous en supplie, tout mais pas ça".

Là encore, qu'est-ce que Zach n'aurait pas essayé pour plaire à sa famille et être "normal"...

 

 

l'acteur Marc-André Grondin

 

 

 

avec l'acteur Michel Côte, qui joue le rôle du père

 

D'autres photos de Marc-André Grondin:

 

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