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Un Blogue CathoGay
1 février 2007

385. nous, les vilains

Un de mes amis "potteriens" vient de m'envoyer un lien et un article sur la sortie de la nouvelle version de la pièce Equus à Londres. Une pièce qui avait fait scandale dans les années 70 (avec plusieurs scènes de nu intégral et une scène de sexe non-simulé qui durait quelques 20 minutes). Un de mes grands souvenirs de collège, que la vision de cette pièce au Théâtre National à Bruxelles. Le sujet est difficile: un garçon de 17 ans, parfaitement quelconque dans sa routine, crève une nuit les yeux de six chevaux et tout le monde se demande ce qui lui a pris.

Dans le rôle principal, l'autre Radcliffe (pour reprendre une expression qui est hélas plus souvent utilisée à propos du Dominicain), à savoir Daniel. D'où l'intérêt de l'univers "potterien" pour la sortie de cette pièce. On dit beaucoup de bien de lui dans la pièce, et les quelques photos que j'ai pu voir (et que je partage bien volontiers avec vous) donnent à penser qu'il convient parfaitement au rôle d'adolescent au bord de la psychopathie mais dont les dérives expliquent beaucoup de choses de notre monde. Le fou n'est pas toujours celui que l'on croit.

 

 

 

 

Au vu de ces photos, je me dis qu'il n'est pas exclu que, à la suite de Leonardo DiCaprio et d'Elijah Wood, l'enfant prodige du cinéma ne découvre en lui des talents de comédien. Et si, en plus, il se révèle sexy avec les années, qui va s'en plaindre...

Je ne suis pas un "potterien" acharné... Juste croyant mais pas pratiquant, si vous voyez ce que je veux dire. Mais j'ai beaucoup aimé le 3ème tome, Le Prisonnier d'Askaban, avec le personnage du professeur loup-garou. Et notamment, quand il doit quitter l'école parce que tout le monde maintenant connaît son terrible secret et qu'il reçoit la visite d'Harry Potter. Il y a cette phrase: Le monde n'est pas prêt à accepter les gens comme nous, et notamment parce que nous faisons peur. Dès que les parents apprendrons ce que je suis, il sera de toute façon impossible à l'école de me garder.

Bien sûr, avec mes antennes bien orientées, j'ai tout de suite senti le côté symbolique de ce loup-garou...

Et comme pour me convaincre, j'ai trouvé ce matin dans ma revue de presse, un article sur l'intervenion du Prix Nobel de la Paix et ancien archevêque anglican du Cap, Mgr Desmond Tutu, lors du Forum Social Mondial à Nairobi. Et alors que ses confrères anglicans du Sud pourfendent les homo à tout crin, Mgr Tutu n'a pas peur de dire haut et fort que, pour lui, l'homophobie est faite du même bois que l'apartheid et que les chrétiens ont bien d'autres choses à faire que de persécuter les homosexuels. Il faut oser, tout de même. Que Dieu le bénisse.

Mais l'article se poursuit avec le courage encore plus grand d'un anglican kényan qui, dans l'ombre gigantesque de Mgr Tutu, ose dire tout haut qu'il faut que l'Église ré-examine ces questions de sexualité. Nous n'avons pas à jeter les homosexuels dehors. Après tout, ne sommes-nous pas envoyés aussi bien pour les bons, que les méchants et les affreux (litt. we're supposed to minister the good, the bad and the ugly).

Au début, j'ai été choqué de lire cette phrase. Mais, au fond, elle recèle une profonde vérité: la question des minorités sexuelles n'est pas d'abord morale (à savoir s'il s'agit d'une conduite bonne ou mauvaise) mais bien d'une question d'intégration, et notamment le fait de dépasser l'aspect repoussant que pourrait avoir de prime abord les minorités sexuelles pour la majorité hétéro.

Même l'Abbé Pierre, me racontait-on à la CCL la semaine dernière, ne cachait pas qu'il trouvait qu'il y avait quelque chose de repoussant dans l'homosexualité. Et je peux comprendre que c'est le cas pour beaucoup d'hétéro. Après tout, un tas d'homo trouvent également que le sexe hétéro les dégoûte...

Mais le cher Abbé ne réagissait pas en confondant "repoussant" avec "mauvais". Ou bien, pour faire prétentieux, en mélangeant le "beau" et le "bien", ou en l'occurence le "laid" et le "mal". Au contraire, il s'est clairement engagé pour la protection des homosexuels et il a pris des positions à la pointe de l'homophilie.

Or, c'est une erreur commise par la morale catholique officielle: ce que les homo font (leur manière de s'aimer) est insupportable à imaginer, donc c'est mal.

En gros, ce qui leur reste à faire, à tous ces hiérarques homophobes, c'est le parcours de La Belle et La Bête dans lequel la parfaite jeune fille apprend que le beau Gaston est juste un sommet de vanité, d'arrogance et de cruauté et qu'au contraire le monstre affreux, vilain et repoussant a un coeur d'une beauté qui transfigure ses apparences.

On croit souvent que les contes ne sont des écoles de vie que pour les enfants. En fait, c'est peut-être d'abord aux "grands" qu'il faudrait encore les raconter.

Pour terminer, voici une histoire pour laquelle je me sens coincé entre le sourire et l'amertume: les établissements "exclusivement gay" de Grande-Bretagne sont à deux doigts d'épauler la protestation de la hiérarchie catholique sur la loi anti-discrimination.

On sait que le primat catholique d'Angleterre et du Pays de Galles vient de perdre l'escarmouche pour une exemption des organisations confessionnelles de la loi contre les discriminations. Selon lui, les groupes religieux devraient avoir le droit de discriminer contre les homo, si leur foi est concernée. Le Premier Ministre leur a rappelé que c'est une exemption qu'une société démocratique peut difficilement accorder. Et c'est logique.

Mais comme en écho (pour s'en moquer ou est-ce sérieux?), les établissement "homo uniquement" se demandent s'ils ne devraient pas eux aussi demander une exemption à cette loi, pour ne pas être accusés de fermer leurs portes aux hétéro ou de faire de la publicité discriminatoire.

Pire, que penser de toutes ces organisations (homo ou hétéro) qui demandent à rester "entre hommes"?

Dans ce type de débat passionné, je vous parie une chose: chaque fois qu'on voudra protéger une minorité, il se trouvera des gens pour dire que c'est la majorité qui est agressée ou en danger.

Heureusement, il y en a qui ont de l'humour, comme ce parlementaire britannique, qui faisait remarquer au cardinal O'Connor, que dans une religion qui admire le Bon Samaritain, c'est tout de même un comble de voir un cardinal faire le difficile dans le choix de ceux à qui il vient en aide.

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