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Un Blogue CathoGay
2 mars 2007

394. Une question de réception

Il ne fait plus de doute qu'en Italie le prix à payer pour la survie du gouvernement Prodi (situé au centre-gauche), c'est l'enterrement de première classe réservé au projet de sous-PACS à l'italienne Et je dis "sous-pacs" parce qu'il s'agissait bien d'une version très diluée d'une quelconque union civile.

Beaucoup d'observateurs blâment le Vatican pour cette disparition. Et je pense que c'est probablement bien observé (vu le contexte italien) et que la crise gouvernementale s'est produite sur une question qui n'avait rien à voir (la politique étrangère notamment en Afghanistan) mais dont le résultat le plus tangible a été la disparition de ces unions civiles pour faire repartir l'équipe Prodi.

Ceci est une pierre dans le jardin de ceux qui disent qu'au lieu de parler de "mariage homo", il faudrait parler "d'union civile homo" parce que comme ça le Vatican en serait moins offusqué. Balivernes: le Vatican n'est pas dupe de la supercherie verbale. Qu'on appelle ça "mariage" ou non, le pape est d'avis qu'il faut s'y opposer, point final. Et même quand il s'agit d'une version plus qu'édulcorée de l'union entre deux personnes. Donc, la discussion pour savoir s'il faut ou non tenir au terme "mariage" est close, du moins dans le monde catholique.

Néanmoins, je me demande de plus en plus quel sens cela a pour les hiérarques d'apparaître comme à contre-courant du sens commun de la majorité des gens (et de leurs élus). Dans le cas italien, on avait cité ce sondage selon lequel 69% des Italiens (qui se déclarent catholiques à 85%) sont en faveur de ce pacs. Et même s'ils n'étaient plus que 55% en faveur d'un mariage homo, il reste tout de même qu'on ne peut pas renverser des tendances pareilles à coup d'interdits épiscopaux.

Je crois beaucoup à la notion de "sens commun des fidèles" et de "réception de la doctrine". C'est-à-dire qu'à long termes, ce sont les masses chrétiennes qui décident si l'on garde certaines doctrines et attitudes ou si elles doivent passer à la trappe. Bon, d'accord, un seul sondage ne suffit pas pour mesurer ce "sens commun". Mais des dizaines de sondages sur des décennies devraient faire réfléchir. Je soutiens que si l'homophobie est de plus en plus virulente, c'est parce que les homophobes sentent que leurs idées passent de moins en moins bien et qu'il faut donc "faire face ou disparaître". Même constat pour les homophobes dans le monde catholique.

Plus encore, plusieurs d'entre vous se font l'écho de l'excellent accueil qu'ils reçoivent chez des prêtres voire même chez des évêques qui, en privé et sous le sceau du secret, tiennent des propos très homophiles. Et pour preuve: le Vatican s'est dit outragé qu'un journaliste ait fait le tour des confesseurs pour leur poser des questions morales et qu'il ait diffusé des réponses "pastorales" très en contradiction avec la ligne "théorique". Vous voulez parier que ce serait le cas dans de nombreux pays?

Quelle crédibilité peut encore avoir une Hiérarchie qui, en public, pourfend haut et fort le pédé mais qui, en privé et dans le confessionnal, tient des propos non seulement modérés mais aussi encourageants. J'ai même entendu un hiérarque italien dire: "pas avec ce pape-ci mais espérez du prochain".

Je suis d'accord avec James Alison qui soutient qu'une telle attitude est absurde: ou bien les prêtres et les évêques catholiques font confiance à leur sens pastoral et à l'expérience qu'ils ont du soin des personnes et des fidèles (et donc adaptent les lois morales), ou bien ils font confiance à ces brillants esprits qui ont monté une théorie de la sexualité tellement bétonnée et tellement sublime qu'elle en devient écrasante.

Si la pratique pastorale ne peut plus provoquer la réflexion théologique, on risque d'annoncer une pseudo Bonne Nouvelle. Comment quelqu'un pourrait-il trouver que la Nouvelle est Bonne si elle ne le rend pas plus heureux?

Quant à ce que la population peut penser d'une hiérachie de trouillards qui n'osent pas, en public, s'opposer aux avis "romains" mais qui ne s'en prive pas en privé ou dans le secret des confessionnaux...

Pour moi, l'exemple italien est choquant. Cette intervention dans la politique sans aucun respect pour les groupes concernés est choquante. C'est comme si l'on refusait des droits aux femmes ou aux non-Chrétiens sous prétexte que le Vatican voit plus juste dans la polititique que les élus du pays.

De plus, cela ne va pas faciliter la vie des homo catholiques, coincés entre un monde homo déçu des positions catholiques offcielles et un monde catho qui voit en eux un danger majeur pour le monde et pour l'Église... Déjà qu'ils étaient entre le marteau et l'enclume, mais maintenant on a l'impression que les deux viennent de prendre une tonne de plus...

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