398. en plein malentendu
Un ami qui me veut du bien m'a envoyé un lien vers une vidéo de présentation de la Messe de Toujours... Tout y est pour que le prêtre sache (littéralement au millimètre près) comment célébrer la messe. Je vous invite vraiment à regarder jusqu'au bout. Le but étant de lui "faire envie" et qu'il désire rejoindre ce courant liturgique.
Pour ma part, je suis plutôt d'avis qu'il s'agit d'une vision assez insultante
(blasphématoire?) de la sainteté du sacrement de l'Eucharistie, bien
que, évidemment, les promoteurs de cette vidéo pensent faire exactement
le contraire. Mais, comme dit le proverbe, "avec des amis comme ça, on
n'a plus besoin d'ennemis". Avec des promoteurs pareils, plus besoin
des anti-religieux pour dire du mal des célébrations catholiques. Et
justement, je ne vais pas me lancer dans le débat. Je n'ai rien contre
des spiritualités liturgiques qui ritualisent à l'extrême, comme dans
le rite byzantin par exemple. Mais je trouve qu'il y a un risque
immense à faire de la pratique d'un rite le signe qu'on est "parmi les
bons et les purs". Comme beaucoup d'entre vous le savent, le débat actuel n'est pas une question de rite,
mais une certaine conception du sacerdoce (et donc de la place des
fidèles) et de l'Église (et notamment dans son rapport au monde et à la
culture). Dans la vidéo, les auteurs
pensent savoir que le pape soutient leur opinion sur la beauté de la
célébration eucharistique. Ils affirment, à la fois, que la majorité
des fidèles et que la majorité des prêtres est de cet avis et que, si
l'on était bien informé, on les rejoindrait en masse. Mouais. Du coup, pour rester dans le même sujet, une idée m'est venue en jetant un coup d'oeil à l'Exhortation Apostolique Post-Synodale sur l'Eucharistie que le pape vient de diffuser. Et puisqu'elle s'adresse à tout le monde (des évêques aux fidèles), je vous conseille de la lire en entier. Je me méfie doucement des résumés qui ont été publiés ici ou là. Clairement, le pape aime les belles messes
et trouve qu'il est essentiel que les célébrations soient le reflet de
la beauté de la vie de l'Église et de l'amour que le Seigneur nous
porte. Rien de mal à ça. On peut juste se demander s'il n'est pas trop
lié à des préjugés de sa jeunesse sur ce qu'est une communauté
chrétienne et la place des fidèles dans la célébration... Disons que ça
se discute ou qu'il y a encore quelques évolutions à espérer... Par
contre, j'éprouve un regret profond à ce que, à l'occasion de ces
propos sublimes et d'une grande élévation de pensée, il sente le besoin
de faire la liste de ceux qui sont exclus de la communion eucharistique. Était-ce bien nécessaire? Fallait-il vraiment mettre dans le même document un rappel de ce qu'il y a de plus beau dans le sacrement avec le rappel de toutes les exclusions que cela implique? J'avoue
ne pas comprendre cette attitude... C'est comme si, le Jeudi Saint, le
prêtre se mettait à l'entrée de l'église et prévenait certains qu'ils
doivent s'asseoir au fond et s'abstenir de venir communier. Est-ce que
l'ensemble de la célébration n'en serait pas pollué? Et malgré tout ce qu'on pourra me dire en coupant les cheveux en quatre, dire à quelqu'un qu'il est exclu de la communion, c'est le jeter dehors.
Pourquoi quelqu'un viendrait-il à la messe pour être ainsi mis à
l'écart durant toute la cérémonie? Pour revivre tout ce qui fait de lui
un exclus? L'autre jour, on me racontait
qu'un jeune prêtre (à Bruxelles) avait refusé le sacrement de la
réconciliation à un couple "vivant dans le péché" tant qu'ils ne se
séparaient pas et renonçaient pas au sexe pré-nuptial... Un autre me
disait que, pour être accepté à la communion, son confesseur avait dit
qu'il devait renoncer à l'homme dont il est amoureux et qui illumine sa
vie depuis cinq ans... Faut-il vraiment
agir ainsi pour croire qu'on parle au nom de Jésus-Christ? Quel message
donne-t-on quand on dit aux chrétiens de choisir entre l'amour et leur
foi? C'est lamentable... Non, pour moi, il
n'y a pas de doute: on est en plein malentendu. Manifestement, quand je
dis que je suis Catholique, je ne dis pas la même chose qu'un certain
nombre d'autres. Quant à savoir si je dis la même chose que ce que dit
le pape...