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Un Blogue CathoGay
17 mars 2007

399. Aussi bourgeois que les autres

Je voudrais vous partager quelques réflexions glanées dans un article paru en février dernier. En gros, c'est une traduction de l'anglais mais j'ai parfois résumé des paragraphes entiers en une ou deux phrases. Et j'avoue avoir ajouté quelques réflexions personnelles ici ou là, mais c'est véniel.

 

Gay teens coming out earlier to peers and family
By Marilyn Elias, USA TODAY

Les adogay sortent du placard de plus en plus tôt et beaucoup se sentent mieux dans leur peau que les générations précédentes. C'est le résultat d'études américaines réalisées par et pour des services d'aide à la jeunesse. Ce "déplacardage" de plus en plus hâtif semble également parallèle à une croissance de l'acceptation des homo par les adultes mais aussi à l'augmentation du nombre de figures de proue, de "modèles" homo dont on parle dans les média populaires.

Au contraire, quand on regarde les responsables actuels des associations homo, on voit une génération de quadra et de quinqua qui ne sortait pas du tout du placard à l'adolescence, à l'époque où ils habitaient encore chez leurs parents. Il est clair que les adogay d'aujourd'hui sont plus francs dans leurs prises de parole et l'affirmation de leur orientation sexuelle.

Bien sûr, ça ne signifie pas qu'ils ont la vie plus facile. Au contraire, les adogay vivant dans les zones rurales ou conservatrices sortent du placard dans des lieux où il est beaucoup plus difficile pour des parents de se faire à l'idée qu'ils ont un enfant homo. La méchanceté des pairs (à l'école par exemple) y est plus forte. Et la haine homophobe semble avoir trouvé une nouvelle niche avec le développement de sites internet comme MySpace ou Facebook.

Par comparaison, la génération actuelle de quadra ou de quinqua est plutôt sortie du placard à l'université, voire plus tard, et dans des villes plus grandes. Du coup, l'étape était plus facile à franchir.

Mais, alors que les jeunes gay sont devenus des cibles plus visibles à cause de leur déplacardage précoce, ils deviennent aussi plus susceptibles de recevoir de l'aide, notamment de la part des réseaux associatifs d'homo ou de parents d'homo. C'est ainsi que ces réseaux ont, ces dernières années, assuré la formation de milliers de responsables scolaires (notamment pour réduire la violence homophobe), un signe que la question des minorités sexuelles a véritablement pris pied dans le monde des écoles et de l'adolescence.

Les écoles d'aujourd'hui doivent aussi, bien plus souvent que par le passé, arriver à gérer la présence d'enseignants ouvertement gay qui, dans beaucoup de cas, peuvent être eux-mêmes une aide importante pour les adogay. Une étude américaine récente montre qu'un tiers des psychologues exerçant en milieu scolaire ont eu à conseiller des jeunes ou des parents sur des questions d'orientation sexuelle.

Dans le milieu des années 90, il n'y avait qu'une douzaine de clubs "alliance homo-hétéro" dans le système scolaire. Aujourd'hui, aux USA, on en dénombre 3.200 qui sont enregistrés officiellement. L'internet a aussi réduit l'isolement des adogay, leur offrant un espace de socialisation et de soutien.

Les adogay sortent aussi du placard à une époque où une majorité d'Américains trouvent l'homosexualité acceptable. En 2006, Gallup trouvait que 54% d'entre eux sont tolérants par rapport aux homo, contre 38% en 1992. Même chose pour le nombre de télé, de films, de figures publiques qui jettent sur l'homosexualité une lumière plus positive.

Ce qui fait que, quand ils arrivent à l'âge où les adultes se posent des questions en termes de couple ou de parentalité, les adogay d'aujourd'hui auront déjà vécu de nombreuses années en s'étant "assumés" homo.

Beaucoup de jeunes gay et lesbiennes n'ont pas peur de dire qu'ils sentaient qu'ils étaient "différents" dès les premières années de l'école primaire. Avant même qu'ils ne sachent quoi que ce soit sur l'homosexualité, ils savaient qu'ils n'aimaient pas des choses souvent qualifiées de "typiques" pour les petits garçons ou les petites filles.

Mais surtout, et c'est la nouveauté, ces enfants homo ou lesbiennes voient de moins en moins pourquoi ils devraient être punis ou brimés parce qu'ils sont différents.

De plus, ils répugnent de plus en plus à vivre une adolescence de mensonges (notamment vis-à-vis de leurs parents) et de dépenser leurs énergies à faire semblant d'être hétéro.

Est-ce le signe que, dans l'avenir, la question va se porter de l'adolescence vers l'enfance? Qu'il faudra envisager une aide appropriée pour tous ces enfants qui "se sentent différents" et souffrent de la mauvaise information de leurs parents, de leurs parents ou de leurs enseignants?

Du coup, la question de l'information des parents redevient importante. Car, il faut être honnête, il n'y a pas de parent dont la première réaction à l'annonce de l'homosexualité de leur enfant n'ait pas été "Oh, non, pas ça." Les parents ne peuvent s'empêcher d'être déçus et de voir certains de leurs rêves détruits par cette annonce. Il faut donc les aider à dépasser ça. Ils doivent trouver dans l'amour pour leur enfant ce qu'il leur faut pour se tenir à ses côtés, malgré qu'il pourrait toujours rester une certaine forme d'inconfort des parents vis-à-vis de l'homosexualité.

De plus en plus, on voit l'impact de cette réaction parentale sur la vie des adogay. Il apparaît clairement que les familles peuvent évoluer de l'homophobie à l'homophilie (si on les aide), une fois que le choc initial est passé. Par contre, pour les parents ancrés dans l'idée que l'homosexualité est inacceptable toujours et partout (et particulièrement quand il s'agit d'une opinion religieuse), le fait d'accepter leur propre enfant homo est un énorme effort, parfois impossible.

Ainsi, il arrive que l'adogay est jeté dehors. Il n'y a pas de chiffres exacts sur le nombre de jeunes homo éjectés de leur famille, mais il apparaît aujourd'hui que le nombre d'adogay dans la population de jeunes fugeurs ou de sans-abris (qui vivent dans la rue) est hors de proportion avec le nombre d'homo dans la population. Il est de plus en plus clair, pour les chercheurs, que les centres urbains qui aident les jeunes sans-abris doivent de plus en plus traiter le cas d'adogay qui ont été jetés hors de chez eux. Or, le nombre de centres spécialisés dans l'accueil d'adogay ou formés pour les recevoir est largement insuffisant.

De même, il reste beaucoup d'opposants à une information sur l'homosexualité dans les écoles. Les conservateurs, par exemple religieux, estiment que l'adolescence est une période où les jeunes ne devraient pas avoir à se questionner sur ce qu'ils sont en terme de sexualité ou d'oritentation. Cette question devrait être réservée à l'âge adulte, pensent-ils. D'où leur farouche opposition à toute entrée de la question homo dans les écoles.

Pourtant, les chiffres existent qui montrent que les adogay ont plus de difficultés de santé mentale et un taux de suicide plus élevé que les ado hétéro. Néanmoins, il se pourrait que ces chiffres doivent être revus. En effet, la prise en compte de la bisexualité montre, dans de nombreux cas, que les ado bisexuels ont des problèmes plus graves que les ado homo, ces derniers ayant tendance à régler leurs problèmes d'identité sexuelle plus tôt que leurs condisciples bi.

De même, des études plus récentes semblent distinguer entre adolescents homo masculins et féminins. On semble dire aujourd'hui qu'il y a, proportionnellement, moins de lesbiennes que de gay, mais beaucoup plus de bisexuelles que de bisexuels. Du coup, les questions d'orientation sexuelle se règlent différemment pour les filles que pour les garçons. Par exemple parce que les filles ont tendance à former des liens très puissants entre elles à l'adolescence, contrairement aux garçons. Des liens dont les aspects sexuels ne sont pas absents.

Car, globalement, il ne faut pas oublier que l'adolescence est obsédée par les relations entre ado, par l'amitié, par les aventures romantiques. La grande peur des adogay, c'est justement d'être exclus de ce grand "jeu de l'adolescence". Ainsi, les adogay sont souvent attirés par leur "meilleur ami", et donc aussi souvent terrorisés à l'idée de perdre cette amitié s'ils font le moindre mouvement pour transformer cette amitié en romance.

Néanmoins, disent les psy, à force de nous concentrer sur les problèmes des adogay (et notamment l'exclusion ou les discriminations qu'ils subissent), nous pourrions en oublier un élément essentiel: ils ont les problèmes de tous les adolescents et, globalement, ce sont des ado aussi normaux (ou perturbés) que les autres.

La grande surprise de beaucoup de chercheurs, c'est de se rendre compte que les adogay sont "hélas" aussi typiques que tous les adolescents: ils cherchent l'amour-pour-toujours, ils veulent fonder des familles, avoir des enfants, etc. En dehors de leur vie affective particulière, ils restent des adolescents comme les autres.

En fait, la nouvelle génération d'adogay est certes sortie du placard très tôt. Mais la conséquence pourrait être qu'elle sera beaucoup plus "bourgeoise" que la génération précédente. La fameuse "culture gay", faite de clandestinité, de provocation, de marginalité, pourrait bien ne plus concerner les jeunes homo d'aujourd'hui. Tout comme les ado hétéro arrivent à l'âge adulte en ayant liquidé leur "rébellion adolescente" et assument en grandissant les valeurs de leurs parents.

 

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