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Un Blogue CathoGay
24 avril 2007

417. attitude de mamma

Certains épiscopats sont-ils en train, pour attirer du monde, de se lancer dans une attitude de "citadelle assiégée"? Est-ce leur but de rassembler les "troupes" de brebis en criant au loup? Un exemple qui m'a fait réfléchir, celui de l'Écosse où l'épiscopat catholique va franchement jusqu'à proposer de ne pas voter Travailliste. L'archevêque de Glasgow, Mgr Mario Conti (dont les mauvaises langues disent qu'il n'est pas remis du fait que le cardinalat est allé plutôt à son collègue archevêque d'Edimbourg, Mgr Keith Patrick O'Brien), est très clair: en votant certaines lois (pourtant à la majorité démocratique), le Parlement (dominé par le Labour) s'est lancé dans ce qu'il appelle une "attaque injuste et rusée contre la liberté religieuse".

En gros, je résume: toutes les fois que le Parlement a voté quelque chose qui s'oppose à l'éthique chrétienne, c'est forcément dans le but de détruire la religion. Car, toujours selon le même raisonnement, si les députés de la majorité avaient à coeur le bien du pays et de la société, ils seraient d'accord avec les vues des leaders religieux, et en particulier de l'épiscopat catholique.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça sonne un peu parano comme vision du monde et de la politique, je trouve. Quelque part, ça me rappelle le discours de la "mamma italienne" (ou flamande, ou juive, etc.) qui, chaque fois que son fils prend une décision qu'elle n'aime pas, déclare que ce fils indigne l'a certainement fait dans le seul but de faire pleurer sa mère, puisqu'un vrai fils aimant et respectueux ferait ce que dit sa chère maman qui l'aime.

Évidemment, les homo (et en particulier les cathogay) sont en première ligne, puisque l'octroi de droits aux couples homo, notamment le droit d'adopter ou de s'unir, est la goutte qui a fait déborder le vase. Comme on peut le lire dans les propos même de Mgr Conti, pour le divorce, l'avortement, l'euthanasie, la recherche sur les embryons, etc... tout ça, les évêques écossais ont laissé faire les députés, en protestant certes mais sans trop se mobiliser. Mais alors là, une fois qu'on commence à donner des droits aux homo, là là c'est franchement insupportable. Il faut d'urgence dire aux "vrais" citoyens comment ils doivent voter.

Et les évêques sortent toute l'artillerie: média, communiqués et surtout lettre pastorale lue dans toutes les paroisses catholiques d'Écosse. J'ai mal rien qu'à imaginer ce qu'ont pensé les cathogay écossais en se rendant compte que ce qui pour eux est l'excellent nouvelle de la reconnaissance de leurs droits, devient pour les évêques le scandale suprême qui justifie leur montée aux barricades.

Je ne suis pas un spécialiste en politique et en vie des institutions, mais il me semble avoir lu des choses sur les groupes qui développent des mentalités de citadelle assiégée... Est-ce que ce n'est pas d'abord un message implicite que certains ont peur de disparaître? Crier au loup pour mobiliser les troupes, n'est-ce pas une façon de justifier son existence comme "chien de berger"?

Mais d'autres analyses plus fines viennent lancer un avertissement: ce genre d'attitude pourrait se retourner contre ses auteurs. Il se pourrait que les évêques, ici encore, provoquent l'effet inverse: radicaliser l'opposition à leurs idées. C'est la thèse de l'auteur d'un article intitulé The Future Of The Catholic Church In Britain. Selon lui, les évêques devraient regarder le débat politique avec sympathie et ouverture d'esprit. Toujours selon lui, "il y a un climat défensif parmi les communautés de croyants, symptôme d'une crainte du le lieu où mènent les sociétés libérales. Pourtant, cela n'a pas toujours été ainsi: des responsables subtils et compétents se sont par le passé engagés dans le débat et ont amené des changements positifs de société. (...) Publier des interdits en chaire de vérité, sans suggérer des chemins alternatifs positifs, risque de ne pas faire impression sur les opinions publiques et les décideurs politiques." Et il se pourrait même qu'il y ait un effet de retour de flamme contre la religion et ses responsables.

C'est plutôt la position de l'épiscopat belge, à l'exception notable de Mgr Léonard de Namur (pour des raisons qui ne sont pas claires).

En cette période électorale, on ne peut pas exclure que les questions "homo" ne deviennent la figure de proue du navire amiral de certains épiscopats. Et comme ce navire pourrait bien couler avec armes et bagages, on ne peut pas exclure non plus que les questions gay ne sonne finalement le glas d'une certaine vision de l'épiscopat et de ses rapports avec la politique.

On va en reparler...

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