432. c'est pas moi, c'est lui
Une commission rogatoire de la justice
de Los Angeles est allée à Mexico-Ciudad pour interroger le cardinal
Rivera sur le cas d'un prêtre pédophile. Pour faire simple: il s'agit d'une histoire de patates chaudes.
Le cardinal de Mexico a sur les bras un prêtre pédophile qui a abusé de
nombreux enfants de choeur. Pour s'en débarrasser, il l'envoie à son
collègue de Los Angeles, le cardinal Mahony. Après quelques temps,
alerté sur le comportement désastreux du prêtre pédophile, le cardinal
de Los Angeles le fait renvoyer au Mexique.
Les avocats de certaines victimes ont porté plainte contre les deux porporati.
Et notamment pour avoir voulu étouffer les affaires, avoir négligé
l'aide aux victimes et leurs droits, et surtout pour avoir conspiré
pour soustraire un criminel à la justice.
Mais la nouveauté dans l'affaire, c'est que les cardinaux ne donnent pas la même version.
Rivera déclare qu'il a juste écrit à Mahony pour lui dire que le prêtre
était homo, mais qu'il se savait rien sur le fait qu'il était
pédophile. De son côté, Mahony ne se souvient d'aucune lettre. D'où,
pour la justice: soit l'un des deux est amnésique (mais oublier la
lettre d'un collègue cardinal?), soit l'un des deux est un menteur...
Et
à ma connaissance, c'est la première fois que deux hiérarques sont dans
une telle situation... Quels que soient les résultats du procès, je
vois déjà un effet positif: les cardinaux acceptent de répondre aux
questions de la justice et ne s'estiment pas au-dessus des lois civiles. La fin de l'équivalent ecclésiastique du "secret défense".
En
sens inverse, le très conservateur cardinal Pell de Sidney vient de
semer la consternation chez les députés catholiques du Parlement. Déjà
qu'il s'était rendu célèbre pour avoir demandé qu'on refuse la
communion à toute personne qui se déclare homosexuelle. Parce que,
selon son analyse, quelqu'un qui se déclare homo, par le fait même, a
choisi d'accepter la grave tentation de l'homosexualité, ce qui est un
péché mortel. Le vrai chrétien, quand il rencontre la tentation
homosexuelle, doit au contraire s'y opposer de toutes ses forces et
refuser énergiquement de se laisser qualifier par le terme
"homosexuel". En gros, il est impossible d'être homosexuel et
catholique.
Mais
ce n'est pas la question aujourd'hui: le cardinal de Sidney a annoncé
que tout député australien qui voterait dans le sens d'une loi contraire à la
doctrine de l'Église (en l'occurence, sur la recherche sur les
cellules-souches embryonnaires) devait "craindre d'importantes
réactions sur leur participation à la vie de l'Église". En gros: au
minimum, l'exclusion de la communion eucharistique...
Vous devinez la gêne des députés catholiques.
Ils vont devoir choisir entre leur "salut" et leur conscience. L'un
d'entre eux a en fait déjà déclaré qu'il préfère rôtir en enfer plutôt
que de ne pas agir selon ce qui lui semble juste en conscience... Mais
peut-être que les députés catholiques sont trop immatures ou trop
irresponsables pour agir en conscience, et qu'ils doivent se contenter
d'obéir aux injonctions de leurs évêques... Il semble que les députés
se sont laissés convaincre dans les projets de loi sur l'euthanasie et
le mariage homo. Mais de nombreux observateurs australiens se demandent
combien de fois encore devront-ils voir leurs députés simplement obéir
aux ordres du cardinal de Sydney. Le moins qu'on puisse dire, c'est que
les gens sont perplexes sur cette curieuse conception de la
démocratie...