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Un Blogue CathoGay
28 juin 2007

443. le poids du scandale

Si vous n'écoutez rien en ce moment,
un petit conseil musical (cliquez ci-dessous):

Jeff Buckley "So Real: Songs From Jeff Buckley"


cover



Je crois que certains hiérarques ont pris très au sérieux l'avertissement du Seigneur sur la peine à infliger à ceux qui scandaliseront l'un de ces petits qui sont les siens. La conscience de la gravité de ce péché de scandale a, hélas, servi aussi à couvrir bien des fautes de l'Église.

On s'en rend compte de plus en plus dans les procès intenté, aux États-Unis, contre les évêques par les victimes ou les associations de victimes de prêtres violeurs d'enfants ou d'adolescents. Quand on voit que, dans un nombre important de cas, les diocèses jugèrent à l'époque qu'il valait mieux étouffer le scandale pour le bien des fidèles. Certes, dans la plupart des cas, les évêques concernés sont largement à la retraite ou décédés.

Voici, en illustration, le cas du diocèse du Vermont. Selon l'article que je vous passe en lien, l'évêque a reçu à un moment les enquêteurs pour des plaintes déposées par des victimes présumées d'un prêtre de son diocèse.

Plusieurs fois, dit l'article, les enquêteurs ont eu l'impression que leur interlocuteur était passablement choqué d'être interrogé. Les faits remontent à 1979: clairement, à l'époque, il y avait les évêques "prélats" et les évêques "pasteurs". Cette différence n'existe-t-elle plus aujourd'hui? Je ne le dirais pas de beaucoup de pays. C'est pour ça que cet article m'a semblé éclairant.

Selon l'enquêteur, l'évêque les assura tout d'abord qu'il avait parlé aux familles des présumées victimes et qu'il avait réussi à les convaincre qu'il n'était pas dans leur intérêt, ni celui de leur enfant, de porter toute cette affaire sur la place publique. Selon l'évêque, semble-t-il, le traumatisme du procès serait plus grand que celui de leur viol...

Drôle de conception dont je me demande d'où il la tient...

Les enquêteurs, dit l'article, ont alors tiré de cet échange l'impression que l'évêque connaissait les faits et qu'il faisait en sorte de les étouffer. Le procès dont parle l'article sert d'ailleurs uniquement à prouver que le diocèse savait et n'a rien fait. Le prêtre en question ayant été, en 1985, écarté du sacerdoce et il est décédé quelques années plus tard.

Puis, dit encore le rapport, voyant qu'il n'avait pas réussi à convaincre les enquêteurs (tous deux Catholiques pratiquants), l'évêque les mit en garde contre "le grave péché du scandale". Que voulait-il dire à citer ainsi l'Écriture? Que mettre en cause un évêque pour avoir "couvert" les crimes d'un prêtre est plus grave que de laisser l'affaire tomber dans l'oubli et de ne pas venir en aide aux victimes?

Curieuse échelle des valeurs...

Et c'est quoi une "mise en garde" épiscopale? On est menacé de l'enfer ou quoi? Est-ce un avertissement qu'il s'agit d'un péché qui ne recevra pas l'absolution? Je dois avouer que c'est une expression qui m'a toujours laissé un peu perplexe...

L'article poursuit en expliquant que les enquêteurs se sont sentis outragés par cette menace à peine voilée. Et qu'ils ont mis fin assez brusquement à l'entretien et qu'ils sont sortis avec une résolution renforcée de poursuivre l'enquête.

Pour ce qui est du procès en cours, le journaliste qui a écrit l'article fait remarquer que, plusieurs fois, des autorités diocésaines déclarent que tel ou tel document (sur l'affaire en cours) n'existe pas ou a disparu. Interrogé sur la question, un psychothérapeute ecclésiastique fait remarquer ceci: "C'est vrai que je n'ai trouvé aucun document sur l'affaire qui nous occupe. Mais, dans certains cas, l'absence de documents est plus bruyante que leur présence."

Hélas, le procès a été arrêté pour "vice de forme" (mistrial), la décision (d'un juge contesté) qui fait que, à tout jamais (aucun appel n'est possible), l'affaire est proprement enterrée.

Signe des temps: l'actuel évêque, Mgr Salvatore Matano, qui a été présent dans l'assistance tous les jours du procès, regrette cette fin et a déclaré publiquement qu'il aurait préféré une solution qui apporte la paix aux victimes.

Comme quoi, les temps changent... N'empêche, 30 ans, c'est long...




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