J'ai passé une magnifique semaine au Congrès Bruxelles Toussaint 2006, la quatrième édition du Congrès International sur Évangélisation des Grandes Villes (après Vienne en 2003, Paris en 2004, Lisbonne en 2005 et en attendant Budapest en 2007).

Quatre grands orateurs chaque matin: Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant'Egidio le lundi, Timothy Radcliffe le mardi, Nicolas Buttet le jeudi et Enzo Bianchi, Prieur de Bose, le vendredi. Avec Maggy Barankitse comme "grand témoin" le mardi soir et puis la prèsence du frère Aloïs de Taizé le vendredi soir. Je vous le dis, une très belle semaine. Les eucharisties n'étaient pas mal non plus, avec quelques belles homélies: le cardinal Danneels, bien sûr, mais aussi le cardinal Policarpo, Patriarche de Lisbonne, le cardinal Turcotte, archevêque de Montréal, le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris et le cardinal Erdö, archevêque de Budapest. Le cardinal Ouelett de Québec était présent aussi, ainsi que pléthore d'évêques (résidents ou auxiliaires). Le Couple Royal belge, pour la cérémonie d'ouverture. Tout du beau monde, pas de doute. Quelques 20 mille personnes pour la cérémonie de clôture.

Donc, bilan largement et globalement positif.

Sauf, bien sûr, l'absence totale de quoi que ce soit qui ressemble à une présence visible de catholiques homosexuels. Il y en avait certainement des milliers dans la foule (et je ne vous dis pas dans le clergé), mais pas trace de leur présence visible, nulle part. Et puis aussi quelques commentaires un peu, disons, lourds du cardinal Danneels qui a expliqué sur RCF, Radio Notre Dame et dans le Journal La Croix (réunis pour l'émission "Face aux Chrétiens") que, s'il comprenait que les sociétés civiles créent des structures pour les couples gay, il n'y avait pas de raison que lui s'arrête d'être contre l'homosexualité. Tout comme, toujours selon le cardinal, il comprend que ce soit le rôle des états de mettre de l'ordre dans le monde de la prostitution, mais qu'il n'est pas question que lui trouve cette pratique morale.

Je le concède: l'exemple est plus que lourd, à tout le moins vraiment inapproprié et on pourrait vraiment trouver ça insultant.

Disons que je reste zen et que je vois le bon côté des choses: à sa place, les autres cardinaux (et surtout les deux cardinaux québécois) auraient dit que même les unions civiles gay doivent être combattues bec et ongles. Il y a donc une toute petite forme d'audace dans le chef du cardinal belge. Mais, comme pour tous ses collègues, je constate qu'il est dans cet état d'ignorance absolue qui l'empêche de comprendre les homosexuels, même si je veux bien lui reconnaître une forme de tolérance aimable.

Mais le moment de grâce, selon moi, c'est la conférence mardi matin du père Timothy Radcliffe, ancien Maître Général des Dominicains. J'avais déjà lu quelques choses de lui, mais là, c'était vraiment grand.

Il a parlé de l'évangélisation, bien sûr, le thème du congrès. Mais il a vraiment touché mon coeur avec cette comparaison avec la rencontre de Jésus et de Nathanaël telle que rancontée en saint Jean.

Je ne suis pas sûr que les cardinaux présents (ou le pape actuel) seraient d'accord avec tous ce qui a été dit, et en particulier ses magnifiques propos sur l'accueil de la part de vérité en chacun de ceux que l'on atteint. Moi, en tous cas, je buvais du petit lait et je suis comblé.

J'ai réussi (par des moyens "latéraux" mais honnêtes) à trouver le texte de la conférence en français et je l'ai envoyée à certains d'entre vous, avec mes recommandations. Mais entretemps, je suis tombé sur l'original anglais et j'ai trouvé que la traduction avait quelques faiblesses (probablement traduite par quelqu'un qui ne connaît pas grand chose à la Bible ou à la foi chrétienne). Je l'ai donc "revue" et en voici le texte. Je vous le conseille. Vraiment.

Le samedi, quelques membres de la Communauté du Christ Libérateur (une association homo et catho avec trois groupes en Belgique, qui fête son 30ème anniversaire) m'a invité a partager quelques vues durant leur week-end. Je suis parti de réflexions postées sur ce blogue. Et puis, bien sûr, j'ai partagé mon émotion après la conférence de Timothy Radcliffe. La journée a été excellente, et je les remercie vraiment de l'expérience.

Un point sur lequel j'ai insisté: quand le père Radcliffe souligne que l'Église doit atteindre les jeunes (et tout homme) et leur faire découvrir la vérité de Dieu qui est en eux, j'ai tout de suite pensé qu'il est temps que les homosexuels catholiques s'engagent dans l'évangélisation des leurs: les homo en général, et en particulier les jeunes homo.

Bien sûr, je comprends que les associations cathogay se soucient d'abord d'être des lieux d'accueil des homo catholiques perturbés et malheureux dans leur rapport entre foi et sexualité. Mais il est beaucoup plus important, sinon premier, que ces communauté retrouvent aussi le sens de l'évangélisation.

Il ne serait pas normal, je trouve, que l'annonce de la Bonne Nouvelle aux homo soit d'abord ou surtout le fait des hétéro... Après tout, ces gens sont "les nôtres" et qui d'autres que nous, les cathogay, pour trouver les mots et les gestes qui vont les rejoindre? Et j'aurais quelques choses à dire de la manière dont certaines associations ou mouvements catholiques tentent d'atteindre les homo... comme les calamiteux du Torrent de Vie, qui ne pensent qu'à nous "guérir".

Même chose pour l'aide aux malades: j'aurais été désolé si l'aide au malade du sida était uniquement ou d'abord le fait des hétéro. J'aurais trouvé ça dommage. Mais vous savez que ce n'est pas le cas: les gay et les lesbiennes sont nombreux et forts dans la lutte contre la maladie.

Même chose pour s'occuper de "nos" séniors, de "nos" pauvres. Même chose pour défendres "nos" droits...

Autant je comprends parfaitement que des communautés cathogay soient des lieux de ressourcement, de prière et de soutien mutuel pour les chrétiens homo qui en sont membres, autant je trouverais dommage qu'elles se limitent à l'évangélisation "interne".

Il est temps de rejoindre les jeunes homo là où ils sont, dans le réel ou le cyber-monde, et de leur apprendre à reconnaître le don de Dieu qui est au coeur de chacun d'eux.

Au fond, tout chrétien est par vocation un évangélisateur. Les homo chrétiens ne le sont pas moins que les autres. Et donc à eux d'y croire, et de s'y mettre.

344. évangéliser les siens

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