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Un Blogue CathoGay
25 juin 2005

72. sexiste et homophobe

Il y a une discussion que j'ai régulièrement avec certains d'entre vous, chers visiteurs: pourquoi les gens sont-ils homophobes?

 

Beaucoup de choses sont devenues claires pour moi récemment sur le sujet. Et d'autant plus à partir du moment où quelqu'un (je ne sais plus qui), dans une discussion, a lié sexisme et homophobie.

 

Tout d'abord, j'ai trouvé des explications transitoires: le sexisme et l'homophobie sont des phases de l'adolescence mentale. Quand quelqu'un est à la recherche de sa propre identité sexuelle, il arrive qu'il se démarque clairement de l'autre genre (d'où le sexisme) ou d'une orientation suspecte (d'où l'homophobie). J'avais entrevu une émission suisse qui disait qu'entre 13 et 16 ans, le niveau de sexisme et d'homophobie était le plus élevé (presque le double) par rapport au reste de la vie humaine. J'ajouterais à cette excellente interprétation que certains restent des adolescents dans leur tête à un âge bien avancé !

 

La deuxième très bonne interprétation m'a été fournie par ceux qui étudient les métiers à risque (pompiers, soldats, etc). Il arrive souvent paraît-il que dans les métiers où l'accident est fréquent et parfois mortel, il y ait comme une attitude de bravade ou de défi devant le danger. "Nous, on fait un métier qui n'est pas pour les femmelettes ou les tapioles". Ce sont des professions où, très souvent aussi, les femmes ont eu beaucoup de mal à se faire accepter. Dès lors, les attitudes sexistes et homophobes sont en fait des manières de conjurer la peur, ou de se donner du courage devant le danger.

 

Enfin, troisième très bonne interprétation, et elle m'a souvent été donnée par des cathogay, l'homophobie et le sexisme sont des signes que la personne a des problèmes personnels à régler avec sa propre sexualité. Ainsi par exemple, j'ai lu que les femmes sont trois fois moins homophobes (vis à vis des lesbiennes) que les hommes (vis à vis des gay). Pourquoi? peut-être parce que l'identité sexuelle masculine est plus difficile à construire? Mais clairement, et je vous l'écris en anglais parce que c'est comme ça que je l'ai lu: "when a man goes out of his way to bash gays, psychiatrists have a simple explanation: latent homosexual". Plus l'homophobie est virulente, plus la personne règle en fait ses combats intérieurs avec ses propres orientation, préférence et identité sexuelles.

 

Cela m'amène à quelques réflexions sur l'attitude à adopter vis à vis des homophobes: tout d'abord, peut-être qu'il est illusoire d'essayer de discuter avec eux. Tant qu'ils n'ont pas réglé leurs propres problèmes (et parfois qu'ils auront admis leur propre homosexualité), ils seront sourds à toute tentative d'approche de la part des gay. Je dirais donc: ne jamais jamais jamais entrer dans une discussion avec un homophobe. N'essayons même pas d'être gentils avec eux, ça ne sert à rien. Il n'y a rien que les gay puissent leur dire qui va les faire changer d'avis sur l'homosexualité.

 

Deuxièmement, peut-être que les homosexuels et bisexuels refoulés sont les principaux homophobes et notre danger le plus grand. Comment les aider? En clamant haut et fort que l'homosexualité n'est pas une tare et qu'on peut être heureux et épanoui en acceptant son orientation sexuelle. Il est probable, me semble-t-il, que le bonheur affiché des gay et des bi dans la société soit une façon indirecte mais efficace pour aider les homosexuels refoulés et homophobes à arrêter l'enchaînement culpabilité + dégoût de soi + homophobie.

 

Troisième remarque: qui, de nous jours, peut encore être surpris que les grandes religions (largement dominées par des hommes) soient aussi des repères de sexistes et d'homophobes? Dans l'Eglise Catholique en particulier, certains ecclésiastiques ont tellement de mal à se faire respecter comme "de vrais hommes" dans une société qui parfois met en cause leur masculinité, qu'ils en rajoutent une couche dans le sexisme et l'homophobie. Tout comme les dérives de la pédophilie chez certains prêtres (mais ici on est dans la pathologie de quelques exceptions), le niveau général de sexisme et d'homophobie dans la hiérarchie de l'Eglise me fait penser qu'il est vraiment temps que la question de la sexualité humaine soit revue de façon fondamentale.

 

En fait, il n'y a rien eu de vraiment de neuf publié sur la sexualité depuis l'encyclique "La Personne Humaine" de Paul VI en 1972 (à ne pas confondre avec l'autre encyclique, "La Vie Humaine"). Tous les développements ultérieurs par Jean-Paul II partent de la même idée de Paul VI: hors du mariage sacramentel, le chrétien est complètement chaste. Ni masturbation, ni sexe entre jeunes. Pas de sexe entre célibataires, quel que soit leur âge. Et qu'on soit homo ou hétéro ne vient d'ailleurs rien changer à cet édit absolu. En gros, si l'on prend la population adulte en Europe occidentale, une minorité devraient avoir une vie sexuelle, selon la doctrine catholique.

 

Or depuis 1972, il me semble tout de même que les sciences ont beaucoup apporté à la compréhension de la sexualité...

 

Pour vous détendre, je vous suggère de voir une fable sortie en DVD: Les Loups de Kromer. Kromer est un petit village anglais où les garçons qui sont nés loups (avec fourrure, queue, griffes et tout) se retrouvent quand ils ont été chassés par leur famille. Bien sûr, c'est assez esthétique de les voir "s'amuser" ensemble. Mais le fond de l'histoire, c'est la réaction des villageois et surtout celle du curé, un homme particulièrement virulent dans la chasse aux loups (pour des raisons que le film révèle). Soyons clair: ce n'est pas un monument du cinéma, c'est un conte moral, une sorte de fable moderne sur l'homophobie. Et ça se voit sans absolument aucun danger, avec une bonne glace et un verre de Bénédictine.

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