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Un Blogue CathoGay
22 juillet 2005

96. une femme de tous les combats

Je n'arrive plus à retrouver un article que j'avais lu (il me semble) dans The Advocate, je crois que c'est l'édition de février ou de mars. Il s'agissait d'une dame qui expliquait qu'on est parfois coincé entre plusieurs niveaux contradictoires de discrimination.

 

Et elle citait son cas: une femme, noire, lesbienne et catholique. En lisant l'article, je me suis dit: "et tu oublies Américaine" mais ce n'est peut-être pas gentil...

 

C'est vrai, disait-elle, que toutes ces caractéristiques lui ont été données à la naissance et il n'y a pas un jour de sa vie où elle n'a pas payé pour ses origines. Pourtant, à choisir, elle ne voudrait rien changer à ce qu'elle est.

 

Le sexisme, le racisme, l'homophobie, tout le monde comprend que ça fait mal. Et, ajoutait-elle, ce n'est pas drôle tous les jours d'être catholique dans la communauté afro-américaine. Elle terminait en disant: "et essayez d'être femme, noire et lesbienne dans la communauté catholique!".

 

La suite de l'article (que je regrette de ne pas retrouver, croyez-moi) parlait de ses déboires. Et surtout du fait que sa simple présence était comme un rappel que les autres communautés humaines existent. Un combat de tous les jours, j'avoue que je l'ai beaucoup admirée en lisant l'article...

 

Mais c'est la fin de l'article qui m'est revenu en mémoire hier en répondant à un commentaire. L'interviewer lui demandait quel est pour elle le combat le plus important parmi ceux qu'elle mène.

 

Et très clairement, elle déclare: la lutte contre l'homophobie. En effet, dans son expérience, les discriminations contre les femmes, les noirs ou les catholiques aux USA s'arrêtent à la porte de sa maison: ce sont des discriminations sociales qu'elle peut combattre en se réfugiant dans le sanctuaire de son couple et de sa famille.

 

Par contre, disait-elle, l'homophobie est une tyrannie exercée au coeur même de sa vie privée, jusque dans sa chambre à coucher. C'est une dictature imposée à sa vie de couple, à sa relation de mère avec sa fille, etc. Dans tous ses gestes, ses paroles, ses attitudes, elle doit se surveiller (même en privé) parce qu'il y a la censure homophobe. Ses choix de vie, de couple, de résidence sont bien plus marqués, dit-elle, par l'homophobie que par le racisme ou le sexisme.

 

Un exemple de son vécu: il est plus facile, raconte-t-elle, d'être une famille noire dans un quartier blanc qu'une famille lesbienne.

 

Je me suis fait cette réflexion: est-ce que le combat pour le respect de l'amour gay est une priorité pour nos pays? et pour l'Eglise? On pourrait dire que non: la pauvreté, le chômage, l'insécurité, la maladie, voilà bien sûr les questions essentielles d'aujourd'hui...

 

Néanmoins, une société démocratique ne se mesure pas seulement (pas d'abord?) à ses acquis en termes de santé, d'emploi ou de sécurité. Mais aussi à son niveau de liberté, de solidarité et de responsabilité. Or, nos pays ne seraient pas démocratiques s'ils étaient racistes, sexistes, anti-sémites ou homophobes. Quand bien même nous aurions les PIB par habitant les plus élevés de la planète et que nous ayons réglé tous nos problèmes de pauvreté, chômage, insécurité ou encore maladie. Ainsi, par exemple, certains pays pauvres peuvent être plus démocratiques que d'autres plus riches.

 

De même pour l'Eglise Catholique: sort-elle grandie du fait qu'elle en reste à des opinions pré-coperniciennes sur les gay? Sort-elle grandie du fait qu'elle affirme sur les gay des choses qui n'ont aucune base scientifique? Comme par exemple que l'amour gay est un danger pour l'amour hétéro et une offense au plan de Dieu pour l'humanité...

 

Je reviens encore à cette note que je vous avais écrit sur Mgr Terry Steib, évêque catholique de Memphis, Tennessee. Certains lui ont peut-être dit qu'il y avait des choses plus urgentes à faire dans son diocèse que d'accueillir les homosexuels et d'utiliser des fonds pour financer une pastorale adaptée aux gay... Il y a des pauvres à aider, des malades à soigner ou des églises à construire. Mais je vois que, dans son souci pastoral et humain, Mgr Steib a malgré tout fait une priorité de la pastorale des minorités sexuelles...

 

Alors, où souffle vraiment l'Esprit? à Rome ou à Memphis... Ce ne serait pas la première fois que les prophètes résident plutôt dans les coins perdus, les périphéries ou les déserts... débat...

 

Bon, arrêtons ces choses sérieuses et passons à la détente. Voici un film qui n'est absolument pas un monument du cinéma et certainement pas à prendre au sérieux:  To Wong Foo, thanks for everything, Julie Newmar (stupidement traduit en français par "Extravagances", quelle paresse). Une histoire de drag queens, avec Patrick Swayze, Wesley Snipes et John Leguizamo, trois des acteurs pourtant les plus macho d'apparence produits par Hollywood. Brève apparition aussi de Robin Williams, RuPaul, Naomi Campbell et... Julie Newmar (soi-même).

 

Les premières images sont très fortes, je trouve. Et l'ensemble du film change à tout jamais l'image qu'on a des folles. Un autre sujet où l'on voit parfois des gay devenir eux-mêmes très intolérants...

 

Ma réplique préférée dans le film: Je suis quelqu'un qui a bien trop de sens esthétique pour me contenter d'être un homme OU une femme... Et je trouve que, globalement, Wesley Snipes a les répliques les plus juteuses, même si Patrick Swayze a le rôle le plus émouvant.

 

Donc, une vraie distraction quand on en a marre des films-cultes, à voir en mangeant (doucement) un grand bol de pannacotta avec un verre de Vino Santo bien glacé.

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