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Un Blogue CathoGay
27 mai 2006

286. dans la joie et la louange

Le temps s'annonce assez misérable pour la Gay Pride de Bruxelles. Pluie, vent, froid. L'appel de la couette et du home, sweet home n'est jamais si fort que dans des moments pareils.

Mais la Belgique est une terre de Carnaval, et normalement ils se déroulent pendant le Carême, quand l'hiver et le printemps bataillent et que le méchant hiver a encore quelques fameuses pièces d'artillerie à décocher. Je souhaite de tout coeur qu'il y ait du monde au village diverCity, mais particulièrement à la célébration eucharistique de 11h, et puis bien sûr à la parade.

Tout comme le disait le 15 mai dernier Ben de Bruxelles dans son blogue, ces derniers temps il ne fait pas toujours bon être gay en milieu catho. Beaucoup de Catholiques vivent et voient leur homosexualité comme une croix (et pas seulement à cause de la discrimination qu'ils subissent) et le seul chemin qu'ils (se) proposent, c'est une forme ou une autre de mutilation de leur sexualité. Mais je voudrais juste rappeler que nous sommes d'abord créés pour la louange et la joie, pour la résurrection, pas pour la croix. Et je bénis le Ciel que de plus en plus, dans le monde entier, le mot gay devienne plus familier que le mot homosexuel.

Je regrette souvent d'entendre dire, sur un ton un peu exaspéré (snob?) ou même avec une totale condamnation, "je suis homo mais pas comme ces gay-là". Et surtout cette curieuse référence à une obéissance au Magistère de l'Eglise Catholique qui ferait qu'être fidèle à l'Eglise, c'est qu'on se déteste soi-même et qu'on méprise le don que Dieu nous fait. Il n'y a rien de plus triste et de plus mortifère, que l'homophobie des homosexuels eux-mêmes, particulièrement en milieu catholique. C'est tout de même malheureux de trouver des homo qui ne soient pas... gai.

Pour ma part, je vois plus d'obéissance à l'Eglise dans le fait de vivre toute ma vie dans l'action de grâce et la louange. Il n'y a pas de discours sérieux sur l'homosexualité s'il ne commence pas dans la louange et l'émerveillement pour les grâces reçues de Dieu au travers de l'homosexualité et grâce aux homosexuels. Tout simplement parce que Dieu est heureux de ce que nous sommes et fier de nous. Oui, Dieu aime les homosexuels. Il se réjouit de nous voir. Il se délecte de toutes les belles choses que cette forme particulière de sexualité a apporté à l'humanité.

Merci, Seigneur, pour ma masculinité homosexuelle. C'est une grâce que je n'ai pas choisie et qui comporte sa part de croix (comme toute humanité), mais merci quand même. Aujourd'hui, je ne voudrais pas être autre chose qu'un homosexuel.

Mais particulièrement en ce jour de la gay pride, j'ai en mémoire les paroles de Martin Luther King, Jr. qui disait: On ne peut pas combattre les discriminations en pratiquant soi-même des discriminations.

Et j'ai une pensée spéciale en ce jour pour les folles. Car je sais qu'il est de bon ton de mépriser les folles, de s'offusquer toutes plumes dehors que les média vont, cette année encore, mettre en avant les folles dans les cortèges et les soirées de cette fête de la gay pride... qu'une fois encore il n'y en aura que pour elles dans les journaux télé... et qu'on va encore renforcer le préjugé que tous les homo sont des tapioles... et bla bla bla. Et quelle horreur!

J'ai un excellent copain, un septuagénaire très digne et très militant, qui chaque année réclame du comité organisateur que les folles ne soient pas mises en avant dans le cortège de la gay pride bruxelloise et qu'on les invite d'ailleurs à ne pas participer du tout. Et ce copain ne comprend pas en quoi les paroles qui sortent de sa bouche sont particulièrement odieuses et contredisent toute sa vie de lutte pour les droits des homo.

Au contraire, je suis profondément convaincu que l'acceptation des folles a quelque chose d'emblématique tant pour les sociétés que pour les individus: tant qu'une société sera trop machiste pour accepter des hommes efféminés, elle n'acceptera jamais les homosexuels (quels qu'ils soient, même les plus virils). Et, de la même manière, je sais au fond de moi que si la honte d'être homo, c'est d'être assimilé aux folles, il y a encore une part de moi qui fait de la discrimination sexiste.

Sans parler de ce que la communauté homosexuelle doit aux folles de tous les siècles et de tous les pays! Que ce soit les très symboliques émeutes devant le Stonewall Inn, quand les folles se sont levées contre l'arbitraire policier pour crier Y'en a marre de se faire tabasser. (Fallait voir la râclée que ces dames ont flanquées aux pandores.) Jusqu'à ces véritables personnages qui, comme la Begum Ali au Pakistan, sont une des forces des plus efficaces de contre-culture et de contre-pouvoir face à la dictature et à l'homophobie. Comme par hasard, d'ailleurs, on constate que le sort des folles est un sujet qui inquiète particulièrement les associations humanitaires dans le Nouvel Iraq. Partout dans le monde, elles sont les premières à recevoir les coups, les insultes, les tortures, quand toute une série d'autres homo au contraire sont plutôt fiers d'avoir tout à fait l'air hétéro et tout heureux d'échapper à la violence en passant inaperçus.

Les folles ont été au premier rang pour venir en aide aux malades du sida. Et pas seulement pour organiser des soirées de gala, mais aussi pour nettoyer les corps et les maisons de toute la saleté que la maladie traîne derrière elle.

Je sais que je vais faire hurler de rage et s'étrangler d'indignation une série de Catholiques bon-tein, (qui tirent à boulets rouges sur cette parodie du catholicisme) mais je voudrais rappeler le travail remarquable fait par les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence et qui vaut la peine d'être salué chapeau bas, outre qu'elles ont un fameux talent de spectacle. Depuis 1979 déjà, elles vont dans les endroits les plus invraisemblables pour débusquer le malade honteux et changer les comportements (sans prêchi-prêcha).

Car vous connaissez déjà mon avis: contrairement à ce que disent les jupiters vaticans, les homo sont une vraie (et non une pseudo) communauté et on le voit au fait qu'ils s'occupent de leurs malades, de leurs séniors, de leurs pauvres, de leurs violés, de leurs prisonniers. Sans parler de s'occuper de ceux des autres...

Je voudrais aussi souligner le rôle assez obscur mais important des Tapioles Radicales dans la lutte pour une redécouverte de l'identité et des droits civiques des homo. Réveiller la tapiole qui dort en chacun de nous (homo ou hétéro) et lui donner la place qu'elle mérite.

C'est un peu le même combat que les Soeurs mais au lieu de questions de santé physique et de maladie du corps, les Radical Faeries traitent plutôt de santé mentale, de culpabilité, de répression psychologique de l'identité ou d'une partie de celle-ci.

Au total, au lieu de trouver que toutes ces folles sont pitoyables et lamentables, un triste exemple de perversion des genres (ce qui est le discours catho officiel, même chez certains homo), je suis fier d'elles. Elles ne me font pas honte, au contraire. Et je suis honoré de celles qui me font la grâce de leur amitié.

Je n'ai pas (jamais eu) d'attraction sexuelle pour les folles, mais elles font partie de mon monde et de ma communauté, de ma famille humaine. Aujourd'hui (si le temps n'est pas trop mauvais), je les regarderai défiler avec bonheur.

Vivre dans la louange, la joie et la fierté. Pour moi, pour chacun de ces pédé qui sont mes frères. Au nom de tous les miens.

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