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Un Blogue CathoGay
26 octobre 2006

343. dans le règne animal

Mon Sorbonnard favori a encore trouvé un article qui a tout pour me plaire. Il s'agit d'une exposition organisée par le Musée d'Histoire Naturelle d'Oslo (en Norvège) sur les animaux homosexuels. Le sujet n'est pas vraiment nouveau, je connais au moins deux excellents livres sur le sujet. Mais c'est la première fois, à ma connaissance, qu'une institution universitaire européenne finance une telle exposition.

Plus encore, c'est la première fois qu'un tel sujet est exposé à des enfants, qui se présentent dans le Musée par classes entières d'écoliers et d'élèves.

Bien sûr, la fureur des organisations homophobes (notamment chrétiennes) est à la mesure de l'audace du Musée. Fureur que l'argent du contribuable serve à mettre en évidence que l'homophobie ne repose sur aucune base scientifique et qu'il s'agit d'un pur préjugé issu de l'ignorance.

Oui, il faut être ignorant pour être homophobe.

Aujourd'hui, la distinction entre "genre", "orientation", "préférences" et "identité" est banale dans les institutions universitaires quant on parle de sexualité. Même dans la plupart des universités catholiques. Pourtant, les officiels de l'Église Catholique s'obstinent à utiliser une terminologie des années cinquante, avec leur "tendance homosexuelle", une notion qui n'a pratiquement plus de soutien scientifique sérieux.

Il n'y a plus vraiment de scientifiques compétents (en biologie, en psychologie et même en sociologie) pour dire que les homo sont juste des hétéro qui ont mal tourné. Et l'étude massive de ces animaux homosexuels est juste l'une des étapes vers la compréhension des minorités sexuelles.

Plus encore, on voit pour les animaux que la sexualité n'est pas limitée à la procréation, ni même centrée là-dessus. Elle tisse des relations sociales. Elle fait construire des clans et des familles. La découverte des singes bonobo a été un véritable tsunami de l'étude de la sexualité.

Y compris de la sexualité des animaux homosexuels: ils ne sont pas juste un "accident" de la nature, leur sexualité a une fonction sociale et aide à la survie de l'espèce, voire à son développement. Girafes, baleines, libéllules, cachalots, scarabées, lions et singes, plus de 1.500 espèces présentées à Oslo montrent qu'il y a plus dans le sexe que la seule procréation. L'instinct des animaux ne les pousse pas seulement à copuler pour se reproduire. La Nature est bien plus riche et plus complexe que ces notions simplistes.

La sexualité des animaux nous apprend-elle quelque chose de la sexualité humaine? Beaucoup répondraient que non, parce que (soi disant) l'être humain est supérieur aux animaux. Soyons sérieux: il y a belle lurette que l'observation des animaux (y compris dans leur sexualité) nous révèle qui nous sommes.

Il ne fait plus de doute aujourd'hui que l'existence de l'homosexualité s'explique (tant chez l'homme que chez l'animal) par le "plus" qu'elle apporte à la survie et au développement de l'espèce. On l'a étudié chez de nombreuses espèces animales. Qu'est-ce qu'on attend pour l'étudier chez l'homme?

L'argument catholique officiel selon lequel l'homosexualité, les couples ou les familles homo, sont un danger pour les sociétés, pour les familles hétéro et pour l'éducation de la jeune génération, ne tient pas debout. Non pas en théorie, mais par rapport aux faits. Non pas par rapport à des constructions mentales sur un soi-disant projet de Dieu sur sa Création, mais par rapport aux traces concrètes de l'inspiration divine dans la nature qu'il a créée. Le monde est un miroir de la gloire du Créateur, y compris les homosexuels.

Non seulement les homo n'ont pas choisi ce qu'ils sont, mais il apparaît de plus en plus qu'ils ont un rôle à jouer par rapport à leur espèce. C'est la raison "naturelle" de leur existence. Et loin d'être "contre-nature", ils en sont au contraire un produit (de l'insecte au mammifère) de la plus haute complexité.

Voilà qui devrait être leur fierté véritable: leur sexualité n'est pas une perversion, elle a une utilité que des millénaires d'évolution a mis en évidence. Depuis des millénaires, les animaux et les hommes produisent des individus homosexuels (dans des proportions plus ou moins constantes à chaque époque et sur tous les continents) pour une raison simple: parce que c'est bon pour l'espèce dans son ensemble.

Dès lors, les homophobes sont le véritable danger pour l'espèce humaine, et non pas les homo. Tout comme un raciste ou un sexiste fait du tort à l'ensemble d'une société, l'homophobe est un danger pour nous tous. Encourager les homophobes, c'est faire régresser les sociétés et les mettre en danger. Il faut interdire l'homophobie et la poursuivre, au nom du bien commun.

Si l'Église Catholique veut le bien de l'Homme, il faut qu'elle déclare l'homophobie comme un grave danger. Hélas, elle n'en prend pas le chemin. Au contraire, l'ignorance lui fait faire exactement le contraire.

Deux lectures amusantes :

- Evolution Rainbow, de Joan Roughgarden (paru en 2004)

- mais surtout le toujours excellent et souvent amusant Biological Exuberance, de Bruce Bagemihl (paru en 1999)

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