74. le mariage gay nuit-il au mariage hétéro?
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On entend souvent dire, pour l'attaquer, que le mariage gay est un danger pour le mariage hétéro. Et donc qu’il a une influence négative. C'est une position classique de la hiérachie catholique, comme récemment en Espagne. Par contre, on entend aussi dire, pour le défendre, que le mariage gay n’a AUCUNE influence sur le mariage hétéro. En fait, plusieurs publications vont nous permettre de voir plus clair!
Ainsi récemment, un économiste de l’Université du Massachussets, Lee Badgett, a démontré dans son étude
que l’adoption du mariage gay et des partenariats gay en Scandinavie et
aux Pays-Bas n’a pas changé les données statistiques courantes sur le
mariage, le divorce, la cohabitation ou la naissance d’enfants hors
mariage.
Dès
lors, à tout le moins, il peut affirmer que le mariage (ou le
partenariat) gay n’a pas miné le mariage homosexuel dans les pays où il
a été adopté et ne risque pas de le faire dans les pays qui pourraient
instituer un mariage gay.
De
manière étonnante, on voit aussi dans cette étude que, dans les pays où il y
a une plus grande tolérance pour le mariage gay ou pour les parents non
mariés, il semble que les enfants passent en général plus de temps avec
les deux parents biologiques qu’aux Etats-Unis.
Dans
un résumé préparé pour The Council on Contemporary Families (le CCF) et
The Institute for Gay and Lesbian Strategic Studies, le professeur
Badgett présente des éléments de preuve provenant de ses études en
Scandinavie. Il en arrive à dégonfler une série d’affirmations que l’on
entend pourtant souvent.
Au
Danemark, le mariage hétéro a en fait significativement augmenté après
l’adoption de la loi sur le mariage gay. Dans ce pays, il s’agit en
fait du taux de mariage le plus élevé depuis les années ’70. Dans les
autres pays étudiés, le taux de mariage a été stable ou légèrement en
hausse après l’adoption du mariage ou du partenariat homosexuel.
Dans tous les pays, le taux de divorce est resté le même.
En
Scandinavie et aux Pays-Bas, la majorité des familles avec enfants sont
composées de parents mariés. En fait, en Norvège, 77% des couples avec
enfants sont mariés. Et 75% des familles néerlandaises avec enfants
vivent dans le mariage. Par comparaison, ce taux n’est que de 72% aux
Etats-Unis, pourtant réputé le « paradis de la famille chrétienne ».
Il
y a une nette différence dans les chiffres en ce qui concerne les
naissances d’enfants hors du lien du mariage. Mais la différence entre
la Scandinavie et les Pays-Bas d’une part et les Etats-Unis d’autre
part, s'explique par le fait que dans les premiers pays, il semble
qu’on fasse les enfants d’abord et qu’on se marie ensuite…
L’acceptation
du mariage gay n’a pas entraîné un affaiblissement du soin apporté aux
enfants. En fait, en moyenne, l’enfant scandinave passe 80% de son
temps avec ses parents, plus du double de temps que l’enfant américain
moyen.
Le
professeur Badgett n’a pas trouvé de preuve que le mariage gay soit
responsable de la hausse des mariages hétéro dans les pays étudiés.
Mais il est formel sur le fait que l’influence n’a pas été négative.
Si
vous voulez des détails : Le fait de se marier et d’avoir des enfants
sont devenus de moins en moins liés au cours des deux derniers siècles,
tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Au Danemark, le nombre de couples
non-mariés (cohabitant) avec enfant a augmenté de 25% dans les années
90. Environ la moitié des naissance en Norvège, Suède et Danemark, et
environ deux tiers des naissances en Islande, ont eu lieu à l’intérieur
de couples mariés. Des tendances qui étaient bien marquées avant
l’adoption du mariage gay et qui n’ont pas augmenté depuis. En fait,
explique le professeur Badgett, les données montrent que des
changements similaires dans la forme des familles sont arrivés (et dans
des proportions comparables) dans des pays qui n’ont pas adopté le mariage gay.
Dès
lors, ajoute Lee Badgett, l’expérience scandinave et néerlandaise
suggère qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter que les hétéro fuient
l’institution du mariage si les couples gay et lesbiens obtiennent les
mêmes droits.
Pour sa part, Stephanie Coontz, directrice du département « recherche et information publique » du CCF mais aussi historienne du mariage, affirme que ses propres recherches ont mené à des conclusions similaires. « Beaucoup de changements que l’on peut observer aujourd’hui dans l’institution du mariage ont commencé pour les hétéro dans les années 50. Demander la reconnaissance du mariage gay est plutôt un résultat qu’une cause de l'importance du mariage dans une société. » En d'autres termes, plus les gay demandent le mariage, plus il faut y voir un signe que la valeur du mariage est bien présente dans cette société.
On peut joindre le professeur Lee Badgett à l’adresse lbadgett@econs.umass.edu et Stephanie Coontz à l’adresse coontzs@msn.com
Et puisqu'on parle mariage gay ET hétéro, je vous invite à regarder une délicieuse comédie que j'adore: Un soupçon de rose (A Touch Of Pink). Non seulement les deux acteurs principaux (Jimi Mistry et Kristen Holden-Ried dans le rôle de Alim et Gilles)
sont absolument de "vrais bonbons pour les yeux", mais le personnage de
la mère d'Alim (Suleka Mathew) est superbe d'humanité. L'action se
passe dans le milieu ismaélite (les gens de l'Aga Khan), entre Londres
et le Canada, avec une furieuse envie de la mère de marier son fils à
une vraie jeune fille, selon les grandes traditions de sa famille. Un
vrai moment de détente et de romantisme, conseillé avec une bonne glace
de chez vous savez qui, et un verre de Chartreuse glacée.