75. comment dépasser l'agression
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Je pense beaucoup de bien du blogue "Culture et Débats". D'une part parce que le bloguemestre lit énormément et a le don de faire partager ses lectures, notamment les livres autour d'un thème gay.
Mais aussi par ses réflexions personnelles que je trouve souvent pertinentes. Et notamment sur le thème du pardon, pour lequel il semble avoir une véritable passion.
Voici notamment ce qu'il écrit après une agression homophobe dont il a été la victime:
"Face à des
agressions homophobes, comment faire entendre raison à un être qui
n’est pas dans la raison ? Comment entrer dans une discussion
raisonnable avec quelqu’un qui s’inscrit, d’emblée, dans le registre de
la violence ? Vieille question : "on ne peut pas convaincre un fou furieux, on ne peut que le contraindre."
Mais on prend alors le risque d’utiliser ses propres armes et
d’apparaître soi-même, à ses yeux, comme un autre fou furieux ? Cercle
vicieux de la violence ; on s’oppose à la violence de l’autre en
utilisant soi-même la violence et l’on perd tout espoir de restaurer
une relation pacifiée. Et, pourtant, qui peut subir une agression sans
réagir ?
Ne pas laisser libre cours à la violence de l’autre...
sans, pour autant, répondre à l’agression par l’agression. S’opposer à
la violence par autre chose que la violence. Sacré pari !
La
justice est là, me dit-on, justement pour faire réussir ce pari en
refusant de débattre à chaud, en rappelant la loi, en s’en remettant à
un tiers indépendant (le gendarme, l’avocat, le juge…), en passant par
l’écrit (institutionnel ou personnel)… Tous ces moyens que la justice
utilise devraient éviter aux hommes de se précipiter les uns sur les
autres...
Pourtant, même avec ces moyens, en sortant de la
gendarmerie après une confrontation avec mon agresseur, je me suis dit
qu’il y avait un mort au tapis. La mort symbolique de mon agresseur
humilié. Je suis reparti avec le goût amer d’une victoire obtenue à
l’arraché, sans la moindre gloire. Comment puis-je me réjouir d’avoir
"abattu" un homme ? Et ce n’est pas fini puisqu’il faudra reprendre
cette partie de bras de fer épuisante en septembre au tribunal
correctionnel. Ces confrontations sont aussi "difficiles" à vivre que
l’agression en elle-même, surtout quand on a comme éthique qu’il ne
faut jamais désespérer de la raison. Comment croire encore en cette
dernière dans de tel moment ?"
Je ne vais pas lui faire des leçons de morale, évidemment. Trop
facile de donner des leçons "à la schtroumph à lunettes" dans ce domaine-là. Car le débat (même
théorique) n'est pas simple, d'autant plus que, dans le domaine
chrétien, se mêlent aussi les questions de la justice, du pardon, de la réconciliation et de la paix: quatre notions que l'on mélange souvent
et que l'on balance à tort et à travers, à mon avis.
Tel que j'ai
compris les choses, le pardon est une nécessité personnelle pour
survivre au mal. La réconciliation n'est pas toujours liée au pardon
car elle n'est possible que si une relation peut s'instaurer. La
justice est toujours due, en tant que réparation du mal, d'une manière
ou d'une autre (même symbolique). La paix ne vient que quand le conflit
est terminé et que la sécurité est revenue.
Une lecture rapide et superficielle du
message chrétien fait qu'on mélange allègrement pardon, paix,
réconciliation et justice. Je l'ai découvert notamment en lisant Tim
Guénard, Plus Fort Que La Haine.
Et il arrive même qu'on impose à une victime une attitude de pardon ou de réconciliation sous prétexte que c'est une vertu chrétienne, avant même de lui avoir donné une chance de guérir de sa souffrance. Et il n'y a rien de pire que ces cul-bénis qui voudraient qu'on soit "gentil" et qu'on "pardonne". Le détournement du message du Christ fait qu'on se retrouve avec une spiritualité de village de Schtroumphs.
Une des choses qui m'attriste le plus, c'est la façon dont certains donneurs de leçon voudraient qu'on laisse tomber la justice parce que, soi disant, le pardon est une vertu plus chrétienne que la justice.
Pour vous faire réfléchir, et notamment si vous avez été
victimes de violences homophobes, voici un DVD que j'aime beaucoup mais
qu'honnêtement je n'oserais par revoir avant un moment. Il s'agit de Urbania.
Attention, l'histoire est circonvolutoire à souhait et on ne comprend
vraiment que dans les trois dernières minutes (il est d'ailleurs
possible que vous n'aimiez le film que dans les 3 dernières minutes).
Il y a aussi quelques scènes de tension et de violence homophobe assez
difficiles à soutenir.
Mais
pour moi, c'est une des meilleures choses que j'ai vue sur le thème du
souvenir, de la colère, du règlement de compte... Je ne cacherai pas
que je suis très partial en ce qui concerne l'acteur principal Dan Futterman (le fils dans Birdcage, quelques très beaux épisodes dans Will & Grace) que je considère comme un des jeunes acteurs les plus sexy du cinéma américain. Comme vous dirait Will qui a un superbe dos même si tout brûlé,
Dan Futterman est "totally delish". Je vous recommande une scène dans
son lit, en début de film, je ne vous dit que ça. Un film à voir avec
une boîte de nounours en gomme et sucre acidulé, avec du Coca Light
Lemon sur plein de glaçons (parce que vous aurez besoin d'un peu de
douceur après certaines scènes).