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Un Blogue CathoGay
20 juillet 2005

94. des sportifs contre nature

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On entend souvent dire que l'homosexualité est contre-nature. Une expression qui est liée, il faut le voir clairement, à l'imagination débridée de ceux qui lient la condamnation de l'homosexualité à la pénétration anale. J'ai déjà posté une note là dessus, qui a eu son petit succès, à mon grand étonnement. Quoique, avec un titre comme "marre de l'enculé"...

 

Mais aujourd'hui, je voudrais partager ce que j'ai ressenti en voyant une émission hier soir à la télé. Il s'agissait d'un championnat international de tennis pour sportifs en chaises roulantes.

 

Et le commentateur disait cette phrase: alors que la nature avait condamné ces hommes et ces femmes à l'immobilité, ils nous donnent non seulement une belle leçon de courage et d'humanité mais aussi, il faut le souligner, un très beau spectacle de tennis...

 

Ce journaliste a, sans le savoir, parfaitement saisi la différence entre ce qui est naturel et ce qui est contre-nature, dans le plus originel sens du terme, celui de l'époque de saint Thomas d'Aquin et de saint Augustin. Et non pas la dérive néo-augustinienne dans laquelle nous vivons hélas aujourd'hui, notamment dans la théorie catholique officielle.

 

Dans le cas des moins-valides, c'est justement la nature qui les invalide, qui fait qu'ils sont incapables de bouger et de se déplacer. Et c'est justement le dépassement de ce fait naturel, et donc leurs actions contre la nature, qui fait notre admiration: ils ont trouvé en eux, non seulement le courage de vaincre leurs limites, mais même de devenir des exemples et des modèles pour les valides.

 

Ainsi, pour saint Augustin, si on laisse faire la nature, les gens crèveraient à cause des maladies. Mais on peut agir contre la nature pour sauver l'humanité. Autre exemple typique: la sexualité. Si l'on en reste à la nature, la sexualité est une chose animale et bestiale, dit le saint d'Hippone. L'homme doit agir contre-nature pour s'élever vers une sexualité qui n'abaisse pas l'homme.

 

Et dans le cas des pédé? ça me semble évident: La nature les condamnerait apparemment à ne pas vivre l'amour humain. Mais ils agissent effectivement contre-nature, non pas platement à cause du trou qu'ils utilisent pour baiser, mais parce qu'ils dépassent les limites naturelles pour aimer malgré tout, former des couples et des familles qui sont non seulement une revanche sur la nature, mais même parfois un modèle pour TOUS les couples (homo ou hétéro).

 

Si l'on veut, on peut donc bien comprendre le fait qu'on dise que l'amour gay est contre-nature. Mais uniquement si l'on s'en tient à la définition traditionnelle augustienne que la nature est parfois ce qu'il faut combattre, ce qu'on appellait les bas instincts naturels.

 

Soyons clairs: on ne s'exprime plus comme ça aujourd'hui. Et la notion de nature a beaucoup changé. De nos jours, c'est l'évolution de la pensée écologique qui imprime le sens de ce mot là. Ainsi, on peut affirmer largement que l'homosexualité est naturelle puisqu'elle est massivement présente et de façon constante dans le monde animal.

 

Néanmoins, je voudrais souligner que la pensée officielle catholique baigne encore dans ces terminologies de nature et de contre-nature. Et il faut parfois rappeler aux moralistes actuellement en vogue à Rome, qu'ils confondent allègrement (parce que ça les arrange? par homophobie?) la notion de nature dans la pensée néo-augustinienne et dans le mouvement issu de Rousseau. Comme si la Nature était l'état parfait voulu par Dieu et que s'en éloigner c'était mal.

 

Il faut donc leur rappeler que ce n'est pas le sens du mot, par exemple chez saint Paul, où clairement ceux qui se laissent aller à leurs mouvements naturels s'éloignent de Dieu, dit-il dans plusieurs de ses épîtres. Donc, dans cette logique mentale-là, c'est plutôt une bonne chose que les homosexuels soient contre-nature.

 

C'est là qu'on voit que le débat entre ce qui est naturel et ce qui ne l'est pas est un dialogue de sourds à l'échelle planétaire. Pour ma part, je propose purement et simplement de quitter le terrain au pas de course.

 

Qu'on en revienne, me semble-t-il, à une terminologie plus évangélique: l'amour. L'amour gay est grand et fort, béni par Dieu, et nous rapproche de lui. L'amour gay enrichit toute l'humanité: il faut non seulement le respecter mais lui donner de l'espace dans la communauté humaine.

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