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Un Blogue CathoGay
19 août 2005

105. quand le méchant en prend plein la gueule

Je ne suis pas du genre à prier "Dieu des Vengeances, apparais et casse la gueule à ces salauds qui nous persécutent". L'Ancien Testament est rempli de ce genres d'imprécations et certains chrétiens aujourd'hui encore sont assez à l'aise avec le fait d'appeler à la vengeance contre les malfaisants. Mais ce n'est pas mon style. D'ailleurs, c'est la preuve que plein de passages dans la Bible sont "sauvés" par le Christ.

 

Dans le fond du fond, je reste tout de même assez chrétien pour désirer que le méchant se convertisse, si possible qu'il demande pardon dans les larmes et finalement que tout le monde s'embrasse et se réconcilie. En plus, je trouve ça très filmique et plus satisfaisant psychologiquement que de jouir de ce le méchant s'en est ramassé plein la gueule et qu'il gît inconscient par terre. D'ailleurs, le simple fait de souhaiter du mal aux méchants m'a toujours mis mal à l'aise...

 

Néanmoins, de temps en temps, je me réjouis (avec modération, juré) quand quelqu'un qui nous a fait un tort immense, publiquement et avec insultes, est révélé comme un hypocrite et un pire malfaisant que tout les prétendus malfaiteurs qu'il dénonçait. Et cela parce que je ne suis pas tellement surpris que les gens qui manquent de compassion et de miséricorde soient en fait des gens cruels qui ont aussi beaucoup de chose à se reprocher.

 

Tout ça comme long préambule pour vous raconter que, depuis mon retour de vacances, je parcours les blogues que j'aime et je me mets au parfum de ce qui s'est passé ces dernières semaines.

 

Et parmi ces lectures, je vous conseille (en anglais) les éditoriaux de Michelangelo Signorile (décidément, j'ai une histoire avec Michelange). Parfois un peu trop caustique ou cynique à mon goût, mais dans l'ensemble je trouve que le journaliste qui met le doigt sur la plaie a aussi un rôle à jouer dans la guérison. Dans le style "j'accuse", c'est un expert, pas de doute. (c'est lui sur la photo)

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Dans un article publié récemment (le lien est dans le titre de la note), ce cher Michelangelo nous apprend la récente condamnation par un tribunal civil de Mgr Eugene Clark, 80 ans, ancien recteur (doyen, archiprêtre) de la cathédrale catholique de New York .

 

Un homophobe notoire, que ce Mgr Clark, et très bruyant avec ça: En avril 2002, au plus fort du scandale des viols de mineurs par des prêtres, il vitupérait en chaire de vérité et à la télé contre les homosexuels. Les pédé, selon lui, sont entièrement responsables de ce scandale et il faut les renvoyer au plus profond du placard dont ils n'auraient jamais dû sortir.

 

Quant aux prêtres gay, Mgr Clark demandait ni plus ni moins qu'on les expulse du saint état sacerdotal qu'ils polluent par leur simple présence. Clairement un appel à la chasse aux sorcières, le retour à l'Inquisition.

 

Des propos publics d'une dureté incroyable (largement relayés dans la presse américaine de droite). Un amalgame honteux entre homosexualité et pédophilie, un amalgame qu'il contribuait à installer fermement dans l'esprit de beaucoup de catholiques de la base. Et de surcroît, une intention claire de faire payer à tous les prêtres gay les délits de quelques prêtres pédophiles.

 

Mais voilà, les actes du méchant ont souvent pour effet de se retourner contre lui. Mgr Clark vient d'être condamné dans une affaire de divorce avec adultère. Le tribunal a révélé qu'il avait séduit une femme de 30 plus jeune que lui (et qu'il est coutumier du fait). Mais cette fois, le mari trompé ne s'est pas contenté de fermer la gueule, selon la grande tradition catholique. Il est allé au tribunal et a obtenu réparation: du pognon et la révélation publique du scandale.

 

Alors, cher Monseigneur, qui est le plus grand danger pour les familles? Les couples gay qui veulent se marier ou les séducteurs de femmes mariées qui pensent avec leur bite au lieu de penser avec leur cerveau?

 

En d'autres circonstances, je le plaindrais, ce Mgr Clark. La faiblesse humaine, et qui n'a jamais péché lui jette la première pierre, et bla bla bla. Mais quand je me souviens de la douleur que j'ai ressentie à lire ses propos vénimeux, je trouve ça juste que son hypocrisie et sa méchanceté soient exposées. Bien sûr, s'il demande pardon et qu'il se repent, on l'accueillera à bras ouverts. D'ici là, c'est un homophobe hystérique de moins.

 

Le plus curieux, si on continue l'article de Signorile, c'est que ce Mgr Clark a été pendant des décennies le bras droit de la plus grande folle tordue que le cardinalat ait jamais produite, le cardinal Spellman (au pouvoir de 1939 à 1967, à sa mort). Un archevêque qui, de notoriété publique, envoyait sa limousine deux ou trois soirs par semaine sur Broadway pour aller chercher ses amants du moment parmi les beaux jeunes danceurs et chanteurs. Et pourtant, Spellman était lui aussi publiquement un homophobe absolu et un champion de la lutte contre les féministes. Il faut se souvenir des horreurs qu'il publiait au début du mouvement gay à New York.

 

Morale de l'histoire? quand le clergé catholique se permettra encore de donner des leçons de morale et de vertu, il y aura simplement encore plus de gens pour rire jaune. Comme disait feu le cardinal de Lubac (qui en a eu son compte des hypocrites et des tricheurs): "avec des amis comme ça, l'Eglise n'a plus besoin d'ennemis".

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