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Un Blogue CathoGay
8 janvier 2006

200. entrer dans la paix

J'ai profité de mes derniers jours de congés pour 2005 pour aller à Londres, et particulièrement pour rencontrer James Alison, dont je vous ai déjà parlé avec chaleur dans la note 164 "Arrêt sur image". Je n'ai rien du profil du fan et encore moins de la groupie. Et donc, j'ai rencontré James chez Nathalie, un sympathique salon de thé dans Old Compton Street. Du thé, des scones à la crème et à la confiture...

Mais avant tout, une discussion très revigorante. Car James Alison est un optimiste, surtout sur les questions cathogay. Non pas cette attitude un peut béate et un peu idiote qu'on voit parfois chez certains Chrétiens. Mais l'attitude du Chrétien qui croit en la Résurrection du Christ et qui, à sa manière, a déjà vaincu la mort par avance.

Comme Jean-Marc de GayAnglican (qui est aussi un fan), j'aimerais tellement qu'un éditeur francophone publie les oeuvres de James Alison. Lui-même me disait qu'il serait relativement facile pour lui de trouver un traducteur. Alors, je lance ici un appel: si vous connaissez un éditeur (plutôt dans le domaine religieux)...

J'étais arrivé à notre rendez-vous en relisant un chapitre où il parle du pardon, non pas celui que nous voudrions donner tout en adoptant un ton supérieur, mais au contraire le pardon donné par celui qui croit en la résurrection et a dépassé la peur du mal et de la souffrance.

Bien sûr, ça semble un peu praline écrit comme ça. Et je ne doute pas que, certains jours, il est plus confortable d'en rester à l'indignation de la victime, et même à un certain goût morbide pour la douleur et le deuil. C'est tellement "catho" d'en rester à ce genre de sentiments que ça en devient presque une marque de fabrique...

Mais je retiens de ma rencontre avec James Alison cet optimisme fondamental du ressuscité. Il m'a expliqué ses nombreux voyages, surtout dans le monde anglophone mais aussi en Amérique Latine (demain, il repart pour trois mois aux États-Unis). Et justement, il connaît bien l'étendue du monde cathogay. Après toutes ces rencontres, ces conférences données et toutes ces retraites, il est plein d'optimisme et d'émerveillement. Pourquoi, me dis-je, ne le serais-je pas à mon tour?

James Alison aime bien cette citation "Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez prudents (sages, avisés) comme le serpent et simples (innocents, candides) comme la colombe" (Matthieu 10,16). Comme le serpent, éviter les dangers, se tenir éloigné de ce qui pourrait faire mal, dans certains cas préférer la fraîcheur et l'ombre, et dans d'autres cas se mettre bien au chaud au soleil... Mais comme la colombe, rester fidèle à ses relations, en particulier à l'amour donné... Certains jours, être serpent et, d'autres jours, être colombe.

Je pense aussi à cette citation de l'évangile de Matthieu en attendant la sortie du film Brokeback Mountain, la grande et belle histoire d'amour réalisée par Ang Lee (qui avait déjà réalisé la sympathique comédie Garçon d'Honneur). Mes amis américains sont, à des degrés divers, très positifs. Je suis ravi de la pluie de récompenses que reçoit ce film, depuis le Lion d'Or de Venise jusqu'aux récentes nominations pour les Oscars. Une histoire d'amour tellement belle (même dans ses aspects tragiques) que de nombreux hétéro en sont profondément émus.

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Selon le principe de base d'Ang Lee (qu'il définit par Less Is More), la simplicité de la présentation donne une formidable efficacité au récit. C'est la pudeur et la retenue qui permettent de montrer la vérité la plus profonde de l'amour entre ces deux hommes. Deux hommes qui sont tout naturellement maris et pères. Et pourtant, ils vivent une passion (muette et secrète) qui est plus belle que le plus pur diamant. Les replaçant à une époque qui n'avait pas de mots pour un amour comme le leur, Ang Lee nous donne une histoire qui touche tout le monde, au-delà des mots et des discours.

Et, en tant que cathogay, je devrais être énervé, déçu, et à tout le moins triste de la réaction des évêques américains, probablement le reflet de l'attitude de tous les épiscopats catholiques au fur et à mesure de la sortie du film. Je vous traduis les termes employés: condamnation de la manière positive de présenter l'homosexualité. En d'autres mots: n'allez pas voir ce film, vous risqueriez de remettre en question vos préjugés et votre ignorance.

Mais aujourd'hui, je prends la décision de ne pas gâcher mon bonheur. Et je remercie le Ciel de nous donner, quelques semaines après de mauvaises nouvelles venant de l'Église institutionnelle, ce petit cadeau de Noël sous forme de film et de fiction.

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