Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un Blogue CathoGay
24 avril 2006

266. refaire l'histoire

Pour évoquer la première année de pontificat de Benoît 16, j'ai fait la remarque qu'on ne pouvait probablement pas être d'accord sur tout avec tous les papes que nous connaîtrons de notre vivant, qu'ils seront sans doute fort différents les uns des autres, et donc qu'il fallait s'attendre à ce qu'on s'attache plus à l'un qu'à l'autre. Ceci était dit afin qu'on s'éloigne de cette idée selon laquelle on est un vrai Catholique quand on est d'accord sur tout avec le pape actuel et qu'on l'aime.

Et figurez-vous qu'hier soir, une inspiration (je n'ai pas d'autre mot plus exact) m'a rappelé Albino Luciani, ce cher évêque qui se rendait au Parlement Italien en 1967 pour participer, en tant qu'ancien professeur de théologie dogmatique à Belluno, à un débat sur l'avenir de la famille, et notamment sur l'adoption. Et quand un député lui fit remarquer que permettre l'adoption par des parents célibataires, cela ouvrirait la porte à l'adoption par des homosexuels, il répondait ceci (je traduis de l'anglais dans le Italian Parliamentary Journal, qui reprend le style oral de la réponse): "Il y a deux forces majeures pour créer une relation à long terme, et indépendamment de ce que Rome peut croire, le sexe n'est pas l'une d'entre elles. En fait, le sexe est plutôt un facteur qui empêche la relation à long terme. La longévité d'une relation entre deux personnes qui veulent être parents d'enfants (longévité qui est la chose la plus importante pour protéger les droits des enfants jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge adulte), ne dépend pas du sexe, mais plutôt de deux forces majeures qui créent des relations à long terme: l'amour et le compagnonage.

Si on ne regarde que ce dernier point, l'homosexuel a un grand avantage. Deux personnes du même genre font de meilleurs compagnons l'un de l'autre parce qu'il est plus vraisemblable qu'ils partagent des intérêts communs, et c'est pour cette raison que des enfants élevés par des couples homosexuels sont moins exposés au risque d'avoir à traverser le traumatisme du divorce de leurs parents."

Il était évêque de Vittorio Veneto (près de Venise, donc) depuis 1958. Devenu Patriarche de Venise en 1969, il s'exprime en juin 1971 devant un groupe de jeunes cathogay et l'archevêque Luciani reprend le même thème (c'est encore moi qui traduit de l'anglais, repris de la revue Nostro Privilegio): L'Eglise base sa position sur la tradition, que celle-ce soit juste ou mauvaise... parce qu'elle est convaincue que le sexe est l'élément fondateur des relations à long terme. Et donc, elle définit le mariage comme étant limité à deux personnes de genres opposés. Avec le temps, elle sera mieux éduquée dans ces choses où elle se prétend experte (notamment la psychologie des relations amoureuses), et elle en viendra à réaliser que c'est l'amour, et non le sexe, qui est le fondement des relations à long terme".

En 1978, il est élu pape et il choisit le nom de Jean-Paul 1er (créant ainsi un nouveau nom de pape, ce qui ne s'était plus fait depuis le 12ème siècle). Il innove encore, notamment dans son style et son approche des gens.

Hommage du cardinal Josef Ratzinger au pape Jean-Paul 1er

Mais il innove aussi fortement dans sa spiritualité et son approche de Dieu. Ainsi, dans le livre Illustrissimi (qu'il avait écrit en 1976 mais qui est édité à toute vitesse dès son élection), il précise ceci: on a certes raison de dire que Dieu est Père, mais il faudrait se souvenir que ce qu'il aime comme titre, c'est qu'on dise qu'il est Mère. Une affirmation qu'il reprendra lors de l'Angelus du 10 septembre 1978, quelques jours avant son décès inopiné à l'âge de 65 ans. Une des affirmations les plus spectaculaires de son bref pontificat, c'était de répondre à presque toutes les questions en commençant par: Qu'est-ce que Jésus aurait fait dans ce cas?

le jour de son élection, les vêtements flottent un peu

Alors, bien sûr qu'on ne peut pas refaire l'Histoire. Et nul ne sait ce qu'aurait décidé le pape Jean-Paul 1er sur la question cathogay. Néanmoins, quand on regarde ses prises de positions publiques, y compris dans les plus hautes assemblées civiles, on peut penser qu'il aurait plutôt fait avancer des mesures homophiles. Sans doute avec prudence, mais probablement en lançant un message d'espoir très grand à tous les homosexuels catholiques.

Lors de son décès, je me souviens que j'avais été attristé. Après tout, nous mettions de grands espoirs en lui, comme promoteur du Concile Vatican 2 et pour changer durablement le style du Vatican. Aujourd'hui, je le regrette aussi à propos de la question cathogay: quelques 30 ans après son élection comme pape, nous aurions pu en être à tout autre point, à un endroit où l'Eglise Catholique serait à la pointe de l'inclusion des femmes et des minorités sexuelles.

Et si pour être un vrai Catholique, il faut se rattacher à un pape, je choisis Jean-Paul 1er "le Bref". De là où il est, qu'il continue encore à prier pour nous.

 

Publicité
Commentaires
L
Bonjour,<br /> Jeune homme malgache de 24 ans, je porte aussi le nom de ce souverain pontife. Et ayant fait quelques recherches sur le web, je suis tombé par hasard sur votre blog qui parlait de Jean Paul 1er. L'article que vous avez écrit sur lui est très touchant pour moi et m'intéresse beaucoup. Je tenais donc à vous exprimer mes sincères remerciements pour cet exposé que vous partagez dans votre article. <br /> Bien cordialement,<br /> Luciani (from MADAGASCAR)
Publicité
Derniers commentaires
Publicité