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Un Blogue CathoGay
12 septembre 2006

325. il s'exprimait en parabole

"Je suis comme un parfait inconnu, mais qui serait une célébrité pour ceux qui le connaissent." J'adore cette phrase de l'acteur Claude Semal. Et ça lui est venu, tout spontanément, ce matin à la radio, alors qu'il répondait au journaliste qui l'interrogeait sur son dernier film "La raison du plus faible". Bien sûr, si j'aime cette phrase, c'est parce qu'elle me correspond parfaitement.

Ainsi, par exemple, suite à ma note d'hier sur les victimes et les héros gay des attentats du 11 septembre, j'ai eu tout un clavardage avec quelqu'un qui soutenait qu'il est logique que les minorités maltraitées produisent des êtres plus combattifs et, souvent, plus héroïques. Il citait quelques exemples historiques, dont je vous fais grâce. Et c'est vrai que je veux bien rejoindre cette observation (jusqu'à un certain point).

Si on la rapproche des homo, cette observation signifie (toujours selon mon clavardeur) que l'adversité a comme avantage d'augmenter, chez certains d'entre nous, leur combattivité, leur génie, voire leur héroïsme. D'une certaine manière, elle est nécessaire et il faut l'accueillir avec gratitude. Je veux bien lui concéder le point, mais je trouve que le prix est cher à payer: les larmes, la douleur, le suicide de ceux qui n'arriveront pas à devenir plus combattifs et qui seront "éliminés"...

Et j'ai du mal à m'unir à une théorie du genre "c'est l'adversité qui fera de toi un homme, mon fils"... Déjà que ce "principe éducatif" du coup de pied au derrière ne réussit pas souvent avec les hétéro...

Par contre, le même clavardeur m'a transmis un lien vers une Parabole du Bon Homosexuel, une reprise de la Parabole du Bon Samaritain. Il s'agit d'un texte assez ancien (1996) d'un certain Richard P. McBrien sur lequel je n'ai pas trouvé grand chose. Il faisait un commentaire sur les élections américaines et l'utilisation de thèmes anti-gay dans la campagne.

Je vous traduit la première partie, à partir d'un lien vers un blogue américain, avec l'incompétence qui me caractérise...

Parabole du Bon Homosexuel
Richard P. McBrien - 1996

Jésus proclamait souvent la Bonne Nouvelle en usant de paraboles qui défiaient les suppositions et les préjugés de ses auditeurs. Une des plus connues est celle du Bon Samaritain (en Luc 10, 25-37).

Le coeur de la parabole n'est bien sûr pas qu'il faut venir en aide à son prochain dans le besoin. Ce serait trop simple, et donc pas vraiment un défi à l'attention des auditeurs.

Non, le point principal de l'histoire, c'est que ce Samaritain détesté est en fait un "bon". Lui seul vint en aide à l'homme qui avait été agressé et volé.

Tout d'abord apparaît un prêtre, "et quand il le vit, il passa de l'autre côté du chemin". Et puis un lévite, qui lui aussi "passa de l'autre côté". Tout les deux sont des membres hautement respectés de la société juive de leur époque.

Puis vint le Samaritain.

Il est crucial de se rappeler que, pour les Juifs, les Samaritains étaient un groupe hérétique et schismatique d'adorateurs pervertis du Dieu d'Israel. Ils étaient détestés bien plus que ne l'étaient les païens. On peut le voir dans l'attitude choquée des disciples qui voient Jésus parler à une femme samaritaine (en Jean 4,27).

Mais Jésus n'entre pas dans ces préjugés. Le propos de son enseignement est de nous dire que, si nous espérons hériter du Royaume de Dieu et entrer dans la vie éternelle, il nous faut nous aimer comme des frères et des soeurs. Et cela s'applique aussi à ceux que nous pourrions considérer comme des ennemis, des traîtres, des hérétiques ou pire.

Ce message, caché dans la Parabole du Bon Samaritain, a pris les auditeurs de Jésus par surprise. Il ne leur a pas raconté une histoire comfortablement prévisible sur le fait de venir en aide à son prochain dans le besoin. [L'histoire qu'ils venaient demander à Jésus sur le thème: "qui est mon prochain?"]

Il y a un tournant inattendu et brusque dans la parabole. Le Samaritain, cet ennemi détesté des Juifs "véritables", agit comme un bon voisin pour son prochain dans le besoin, en contraste avec le comportement indifférent et irresponsable des deux membres respectés de leur communauté.

Si Jésus s'était adressé à des auditeurs américains, plus de 19 siècles et demi plus tard, il se pourrait qu'il substitue au Samaritain un personnage gay ou une lesbienne. En gros, les homosexuels tombent dans la même catégorie des détestés, des méprisés, des rejetés.

(fin de la traduction)

Suit toute une comparaison avec la manière dont, il y a dix ans déjà, les élections américaines utilisaient les homo comme boucs émissaires pour tous les maux du pays et pour attirer des voix conservatrices.

Diaboliser les homo, en faire les responsables du fait qu'on tourne le dos au Dieu d'Israel et au vrai culte. Les rendre responsables, via leurs lobby et leurs agenda, de la détérioration de la communauté humaine, voire de la colère de Dieu.

Nier que leur culte est véritable, qu'ils prient, qu'ils aiment, qu'ils forment des couples pour la vie, qu'ils s'engagent comme parents et qu'ils font de magnifiques voisins.

Oui, moi aussi je vois un parallèle à faire entre la haine des Juifs pour les Samaritains et celle pour les homo aujourd'hui. Et j'imagine bien Jésus choquant aujourd'hui son auditoire en présentant une parabole où l'évêque et le pasteur passent à côté de l'homme blessé et agressé, alors que l'homo, lui, s'arrête et prend soin de la victime.

Pour ceux d'entre vous qui sont prêtres et qui auraient besoin d'une comparaison avec l'actualité, le jour où la liturgie propose la Parabole du Bon Samaritain, la situation des homo est certainement un bon exemple (parmi d'autres, bien sûr).

Plus loin, évidemment, si l'on se souvient que le Christ peut être représenté soit par l'homme blessé, soit par le Samaritain, on peut se retrouver avec des actualisations encore plus riches. L'Homo-Samaritain venant au secours du Christ blessé, alors que les autres le laissent là. Ou au contraire le Christ-Samaritain venant en aide à l'homo blessé sur la route...

Voir le Christ dans le visage du Samaritain... voir le Christ dans le visage des homo-blessés... Pas de doute, pour les "hauts placés" parmi les disciples de Jésus aujourd'hui, ce serait absolument choquant. Et pourtant, n'est-ce pas l'expérience que les cathogay font tous les jours?

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