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Un Blogue CathoGay
1 octobre 2006

338. la médaille d'or

J'ai un peu perdu de vue le rapport de la "visite apostolique" des séminaires américains et des nouvelles normes qui en découlent. J'avoue que j'ai été assez déçu (par l'Instruction Romaine sur les candidats homo au sacerdoce) pour que l'envie de revenir là-dessus ne me vienne même pas.

Mais je vois maintenant que c'est une erreur: je devrais regarder de plus près comment, concrètement, des évêques ont réagi à cette Instruction et ce qu'ils quelles dispositions pratiques ils en ont tirées. Après tout, les séminaristes ou candidats séminaristes sont mes petits frères aussi. Et j'en profite pour embrasser au passage ceux qui me lisent, et surtout celui qui est devenu un pote de tchatte.

Voilà donc un commentaire sur un article d'un quotidien de Caroline du Nord et qui se pose quelques questions sur la position de l'épiscopat catholique américain sur le sujet des homo dans les séminaires. Souvent des questions de bon sens, je trouve.

Pour la facilité, je mettrai les questions de l'article en italique.

Ainsi, dit le journaliste de Journalnow.com, Est-que ces nouvelles règles représentent la perception (et donc les solutions trouvées) par les évêques du scandale des prêtres violeurs qui a englouti l'Eglise américaine depuis presque 5 ans? Parce que, si c'est le cas, on dirait que les responsables de l'Eglise pensent que c'est le manque de célibat qui a causé la crise et plus il y aura du célibat, et plus on soignera la crise. Et donc, ils donnent maintenant l'impression que la première fonction d'un séminaire est de préserver le célibat et que l'oeuvre principale d'un prêtre, c'est d'être célibataire. Est-ce qu'ils ont réfléchi à ce que les gens vont penser de ça? Pour ma part, j'aurais cru (naïvement) que pour aider des prêtres à être de meilleurs pasteurs (et, accessoirement, à laisser tranquille les petits garçons ou les petites filles), il fallait plutôt les aider à trouver leur bonheur et leur joie dans le service sacerdotal, dans la prière, dans la rencontre pastorale...

Les évêques proposent (comme une nouveauté) d'exclure tout candidat qui a été impliqué dans un scandale sexuel avec un mineur ou qui montre des signes d'attirance sexuelle envers les enfants. Et puisque la première situation parle de criminels et la seconde semble du bon sens, le lecteur se demande alors: "Quoi? Les hiérarques ignoraient ces deux choses auparavant?" Effectivement, les mesures prises vont d'abord être lues comme des aveux massifs de culpabilité, ou au moins d'inconscience. Ne devraient-ils pas aussi, pour faire bonne mesure, ajouter que les candidats devraient également être filtrés si, auparavant, ils ont été impliqués dans des meurtres, des traffics de drogue, de la violence, de la corruption, de l'escroquerie et d'autres "belles" affaires criminelles?

On est en droit de s'interroger pour savoir comment les évêques en sont arrivés à penser que, pour éviter de futurs scandales sexuels, il fallait transformer les séminaires en camps d'entraînement pour des Olympiades du Célibat dans lesquels les prêtres se réalisent et trouvent le salut en gagnant la médaille d'or... Je trouve aussi qu'il y a un glissement (pas vraiment bienvenu) entre le discours qui propose aux prêtres de réussir leur vie en se donnant totalement et passionnément à la pastorale et au ministère sacerdotal, et un autre discours qui met en évidence que le "bon" prêtre est le prêtre super-vertueux et dévot...

Les candidats devront "montrer qu'ils ont vécu une vie de célibat pendant les deux années précédentes"? Et ils vont faire ça comment, exactement? Bonne question, j'imagine les présidents de séminaire disant aux candidats: "montrez-moi que vous sortez de deux années de célibat... vous avez des témoins? des alibi?"... Et est-ce qu'on va rejeter ceux qui n'ont été célibataires qu'un an et demi, ou même six mois avant leur entrée? Je crois que la pratique va vite montrer le ridicule de ces mesures...

Le meilleur signe que quelqu'un est un bon candidat potentiel pour le séminaire, c'est la façon qu'il a de forger des relations équilibrées et saines avec d'autres personnes. Ce n'est pas nécessairement lié à sa capacité ou non de garder le célibat. Et pourtant, le document fait de ce seul test l'épreuve majeure pour voir si quelqu'un est capable de s'engager dans l'exigeant ministère de prêtre. De fait, je trouve qu'on devrait d'abord tester les candidats sur leurs propensions éventuelles à l'orgueil, la superbe, la manipulation des autres, l'avarice, et d'autres vilains défauts qui ruineraient son travail sacerdotal. Et si le célibat est son point faible, je dis que c'est mineur par rapport à ces autres vilains défauts.

Le document oublie que la capacité d'un prêtre à vivre le célibat dépend de sa manière d'entrer en relation avec les autres. Et pas le contraire. Faire du célibat un préalable au ministère, c'est peut-être mettre la charrue avant les boeufs. On risque de faire du célibat (et non du service) l'élément principal. Mais rappelons que le célibat n'est pas un sacrement, juste un élement de "discipline" de l'Église. Présenter le célibat comme étant central dans les séminaires revient à mettre cette "discipline" au-dessus du grand commandement de l'amour du prochain.

Ce document s'étend lourdement sur la formation des prêtres au célibat, une chose, pourtant, que la plupart des prêtres acceptent avec générosité. Selon une étude menées dans les années qui ont suivi Vatican II, la plupart des prêtres acceptent cela et le vivent dans une attitude qui rappelle celle de l'oncle "célibataire endurci" dans beaucoup de familles. Placer le célibat (un sujet d'ailleurs que les responsables de l'Eglise refusent de discuter ou seulement d'enquêter) comme la première vertu essentielle du sacerdoce pourrait en fait ne pas empêcher du tout qu'il y ait dans le futur d'autres problèmes à caractère sexuel dans le clergé.

De bonnes questions, en effet... Quand à savoir si l'organisation de la formation sacerdotale devrait revenir uniquement aux évêques et aux prêtres (ou plutôt à l'ensemble de l'Église), c'est un autre débat que je laisse à d'autre le soin de lancer.

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