400. Interdits de célébration
Que des conférenciers participants à une conférence sur la pastorale destinée aux minorités sexuelles soient interdits de célébration eucharistique? C'est possible et c'est même arrivé à Minneapolis, aux États-Unis, sur ordre de l'archevêque local. Pourtant, cette conférence est organisée depuis 1977 et les célébrations eucharistiques étaient des moments forts de la rencontre. Des évêques participants et des prêtres ont été également priés de ne pas être présents, pour ne pas encourager la conférence par leur présence. Pitoyable.
La traduction de l'article du Star Tribune est de votre indigne serviteur... J'y ai ajouté l'un ou l'autre éléments pris d'un autre article publié par le Twin Cities.
La Conférence de Catholiques
Gay
décide d'obéir
à l'interdit prononcé par
l'archevêque
Le 14 mars 2007.
Le responsable principal d'un symposium qui devait se dérouler
à Minneapolis ce week-end a expliqué mardi dernier que les participants du
congrès avaient décidé de se soumettre à la demande de l'archevêque de la ville,
Mgr Harry Flynn, demandant que l'on ne distribue pas la communion durant
l'événement. Néanmoins, Mr Francis DeBernardo, directeur exécutif de
l'association "New Ways
Ministries", qui organisait la conférence, a expliqué que les
participants ont été "très déçus" par la directive de Mgr Flynn. Voir la notice
Wikipedia... Plus de 500 personnes étaient inscrits pour ce sixième
symposium, placé sous le thème "Signes d'ouverture: des Catholiques Gay et
Lesbiennes dans une Église sacramentelle". Pour la plupart, ces participants
sont engagés dans des pastorales à destination des minorités sexuelles (des
évêques, des prêtres, des religieux, des laïcs). Selon les mots de Francis DeBernardo, Mgr Flynn a écrit: "Je
suis inquiet à propos de certains des sujets repris dans le programme, et aussi
à propos de certains des principaux conférenciers qui sont connus pour avoir
publiquement contesté l'enseignement de l'Église. En conséquence de quoi, je
suis aussi inquiet que ce symposium ne cause une confusion importante parmi les
fidèles de cet archidiocèse, ainsi que parmi d'autres qui pourraient avoir
connaissance de ces choses." Pourtant, souligne Francis DeBernardo, Mgr Flynn n'est pas
connu pour être un homophobe primaire. C'est d'ailleurs à cause de son attitude
passée d'ouverture et de dialogue que Minneapolis avait été choisi comme ville
hôte de la conférence. Sa prise de position est surprenante, explique Francis
DeBernardo. Néanmoins, l'an dernier, Mgr Flynn avait demandé que l'on
refuse publiquement la communion aux fidèles participants à l'eucharistie
portant une écharpe aux
couleurs de l'arc-en-ciel et qui entendaient, par cette
protestation muette, mettre en cause l'enseignement de l'Église sur les
minorités sexuelles. Des copies de la lettre de Mgr Flynn ont également été envoyées
à trois évêques émérites qui avaient accepté de célébrer l'eucharistie et de
distribuer la communion durant la conférence: Mgr Leroy Matthiessen, évêque
émérite d'Amarillo au Texas, Mgr Francis Hurley d'Anchorage en Alaska et Mgr
Joseph Sullivan, évêque émérite de Brooklyn à New York. Le porte-parole de l'archidiocèse, Mgr Dennis McGrath a répété
mardi dernier que l'archidiocèse n'encourageait pas la participation à cette
conférence et rappelle que l'Église (et la conférence épiscopale américaine) a
publié ses propres directives pour la pastorale vis-à-vis des gay. Il a
déclaré également que la lettre de Mgr Flynn à Mr DeBernardo était normalement
confidentielle et n'aurait pas dû être divulguée. Pour le porte-parole, l'Eucharistie est au coeur même de la vie
chrétienne et donc il est inconcevable que des directives inviolables de
l'Église soient discutées à une conférence durant laquelle l'Eucharistie est
célébrée. Cet interdit de l'archevêque n'est pas négociable. Entretemps, Mgr Matthiessen a déclaré qu'il avait à regret
décidé d'honorer la demande des autorités ecclésiastiques locales de se tenir
éloigné de la conférence. "Pourtant, je tenais beaucoup à être présent pour
encourager ceux qui servent dans cette pastorale destinée à des fidèles d'une
différente orientation", a déclaré Mgr Matthiessen, sans préciser qui lui avait
transmis cette requête. Les deux autres évêques retraités ont maintenu leur
présence à la conférence. Pour Francis DeBernardo, on ne peut pas exclure qu'il y ait eu
dans cette affaire une intervention directe du Vatican. Il a rappelé que, l'an
dernier à Louisville au Kentucky, l'évêque, Mgr Kelly, avait formulé une
"réticence" semblable. Mais qu'il avait trouvé une "astuce" pour contourner
cette interdiction d'eucharistie: l'évêque avait lui-même célébré pour les
conférenciers dans sa propre cathédrale. Une attitude courageuse. Mr Michael Bayly, directeur exécutif du comité pastoral de
Minneapolis pour les minorités sexuelles, a déclaré que les participants a la
conférence vont probablement conclure de cette affaire que les "gay sont
toujours susceptibles d'être sacrifiés aux efforts de l'institution ecclésiale
d'imposer une idée rigide et étroite sur ce que c'est qu'être vraiment
catholique. Tout cela est une trahison de l'esprit de générosité et de
compassion au coeur de la vie et du message de Jésus", dit-il. "C'est
décourageant. On peut, hélas, y voir une tendance croissante dans la vie
actuelle de l'Église", explique-t-il. Les participants à la conférence ont donc été invités à
participer à titre personnel aux eucharisties dominicales dans les églises
proches du lieu de réunion, a expliqué Francis DeBernardo. "Nous n'avons pas
organisé une conférence de radicaux qui veulent détruire l'Église, mais de gens,
tant homo qu'hétéro, qui aiment notre Église." Voilà pour l'article, avec des éléments d'un deuxième... Je signale que, parmi les orateurs, on dénombrait du "beau
monde" comme l'excellente Soeur Helen
Prejean, auteur du magnifique "Dead Man Walking",
dont on a tiré un film admirable, mais aussi le père Richard McBrien, professeur
à la University of Notre Dame, Soeur Margaret Farley, auteur de "Just Love", un
écrivain et défenseur du droit de minorités sexuelles, Brian McNaught, un
théologien anglais dont ce blogue dit beaucoup de bien, James
Alison et un professeur de la Emory University, Luke Timothy
Johnson. Néanmoins, ni Francis DeBernardo ni Mgr Flynn n'ont spécifié quels
étaient les orateurs sur lesquels planaient des "réserves". Ceci dit, le plus beau c'est que la conférence a bien eu lieu et dans la bonne
humeur. Les prêtres, religieux et religieuses, parents,
théologiens et animateurs pastoraux (pour la plupart quinqua ou sexa, des
serviteurs de longue date de la pastorale des minorités sexuelles) ont participé
avec enthousiasme à des dizaines d'ateliers et de rencontres. Mgr Sullivan,
évêque émérite de Brooklyn, qui a maintenu sa présence à la conférence, a
critiqué le document de la conférence épiscopale américaine sur la pastorale
vis-à-vis des gay comme une document "écrit par des évêques pour des évêques,
sans égard pour la communauté qu'il affecte". Pour Dick Jaco, un délégué de Californie, le progrès en 30 ans
est tout de même énorme. Quand il était jeune, il était impossible de se dire
catholique et homosexuel. Certes, il ne s'attend pas à des progrès énormes de
son vivant, dit-il, néanmoins il souligne que les progrès existent. Bon, après tout ça, disons que je choisis de partager son
optimisme...