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Un Blogue CathoGay
21 septembre 2006

332. en dommages et intérêts

Le plus adorable des sorbonnards m'a transmis cette info selon laquelle l'évêque de Meaux, Mgr Albert-Marie de Monléon, op, s'est porté partie civile dans un procès contre un prêtre inculpé de pédophilie. Une première, puisque on avait plutôt tendance à voir jusqu'ici les évêques du côté des accusés pour non-assistance à mineur en danger, voire même pour complicité...

 

 

Par exemple, dans nos régions, on se souvient que le cardinal de Malines-Bruxelles, Mgr Godfried Danneels, et son auxiliaire, Mgr Paul Lanneau, avaient à répondre de leur éventuelle connaissance des agissements d'un prêtre bruxellois (entre-temps condamné). En France, Mgr Jacques Gaillot, évêque d'Évreux à l'époque, était blâmé pour avoir accueilli sans discernement un prêtre canadien violeur de mineurs, déjà condamné (et emprisonné) dans son pays et qui a récidivé dans son nouveau diocèse. En son temps même, Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux, a été condamné à trois mois avec sursis pour son manque d'action contre un de ses prêtres qui a abusé de mineurs (alors qu'il "savait").

Les esprits grincheux pourraient se demander qu'est-ce qui peut fonder la position de Mgr de Monléon et suspecter le coup médiatique. En effet, sur quel base va-t-il demander des "dommages et intérêts" pour son diocèse? Surtout si le diocèse est supposé être le "patron" des prêtres qu'il mandate et à qui il confie une portion du Peuple de Dieu. Le commentaire du Nouvel Obs semble suggérer que le statut de victime sera sans doute réservé à ceux qui ont été violés.

De plus, le rôle des parties civiles, c'est tout de même d'accuser l'inculpé. Va-t-on voir l'évêque accuser ce prêtre?

Et c'est vrai que cette attitude de l'évêque n'exclut pas que des victimes ne demandent son inculpation (cette fois comme personne morale) ou celle de son prédécesseur (si les faits se sont passés à son époque) parce que "on savait, mais on a laissé faire".

Le pitoyable exemple américain montre qu'il peut y avoir des sommes énormes en jeu, dans le cas où le diocèse du prêtre condamné est jugé en partie responsable (même si non couplable), et donc doit participer à la réparation des dommages causés. On sait que plusieurs diocèses importants, comme l'archidiocèse de Portland dans l'Oregon (dont le cardinal Levada était le pasteur) et récemment le diocèse de Davenport dans l'Iowa (qui doit débourser un total dépassant les 10 millions de $), sont au bord de la faillite financière. Certains diocèses ont vendu des bâtiments (et même des églises) et réduit toutes leurs oeuvres, hélas aussi les oeuvres caritatives.

Donc, c'est vrai, on pourrait soupçonner le hiérarque de Meaux d'y avoir pensé. Ce n'est pas mon analyse. Je crois au contraire que c'est une attitude courageuse de sa part (car pour le tribunal il ne viendra pas seulement comme témoin mais comme plaignant) et qui vise à démontrer que l'Eglise est profondément endommagée par les attitudes de certains prêtres (on les estime à 2,5% du total, mais je n'ai rien trouvé d'autre que des conjectures sur le sujet).

Néanmoins, j'espère qu'il sera prudent et qu'il réussira (je ne l'envie pas) à montrer qu'il est totalement du côté des victimes. C'est semble-t-il son intention en ce portant partie civile, un message envoyé aux victimes pour dire "je suis à vos côtés". Une attitude qui n'était pas tout à fait claire dans le chef de Mgr Pican (avec quelques maladresses dans ses réactions), ni chez d'autres évêques (qui semblent parfois plus désireux d'éviter la dégelée financière que de soutenir les victimes).

Mais surtout, je voudrais bien que ce procès ne dérive pas vers l'homophobie. Et si des détails paraissent dans la presse sur ce que ce prêtre a fait, qu'on évite l'amalgame. Je partage la honte, voire la fureur, que les homo éprouvent à être accusés de pédophilie. Dans le cas des prêtres homo, c'est encore plus insupportable et injuste pour eux. Hélas, il est arrivé que les avocats des parties civiles tirent sur cette ficelle pour obtenir la faveur des jurés... Sans parler de ceux qui, notamment dans le monde catholique, vont suggérer que tout ça n'arriverait pas si on avait bien fait le tri des homo au séminaire.

J'invite ceux d'entre vous qui connaissent cet évêque (notamment parmi mes "hommes en blanc" favoris) à éclairer ma lanterne, et surtout à suivre ce procès qui commence le 24 octobre à Melun.

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