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Un Blogue CathoGay
24 septembre 2006

335. la maison des témoins

Pour cause de guerre au Liban, l'une des seules choses qui sont restées du programme de la World Pride prévue à Jérusalem était la rencontre gay inter-religieuse. Je suis particulièrement heureux d'apprendre que, dans ces circonstances, ce sont les hommes et les femmes de foi qui ont maintenu leur rencontre. Que Dieu les bénisse.

Parmi eux, James Alison, dont j'ai déjà dit tout le bien que je pensais mais que je vais répéter sans problème. Je suis très en retard dans la lecture de ses oeuvres, tellement je les trouve riches. Comme introduction, on peut lire une interview récente intitulée Violence Undone.

Pour en revenir à la rencontre de Jérusalem, voici le témoignage d'une participante américaine, elle-même ministre ordonné et femme de foi. Elle habite Concord, dans le Massachussett, et publie cet article dans la gazette locale en ligne. La traduction est de votre indigne serviteur (qui est tout de même heureux de voir qu'il traduit mieux que le moteur de Google). Les liens vers d'autres sites ont été aujouté par moi.

 

Publication du 23 Septembre 2006
Chercheurs de Paix, de Justice, d'Amitié
La première conférence religieuse multi-confessionnelle gay et lesbienne a été une expérience qui ouvre les yeux
Un article de Leanne M. Tigert, pour le Concord Monitor

Une nuit d'août, un temps de fournaise à Jérusalem-Ouest. Je suis assise dans un restaurant gay-friendly, pressée autour d'une table avec 15 autres gay, lesbiennes, bisexuelles. À première vue, on dirait un de ces clubs ouverts le samedi soir, mais la conversation suggère qu'il s'agit d'une rencontre unique.

De l'autre côté de la table, une jeune femme dans les 25 ans. Elle se présente elle-même comme une bisexuelle "out", mais qui est toujours "dans le placard" en tant que chrétienne. "J'ai émigré de Sibérie vers Israel", raconte-t-elle, "M'affirmer lesbienne était impossible en Sibérie, mais pour obtenir un statut légal en Israel, il faut être Juive, et donc je le suis devenue."

Et à côté de moi, un couple lesbien Orthodoxe, habillé dans la tenue traditionnelle, jeune et amoureux, heureux d'être en compagnie de gay et de lesbiennes qui sont aussi des gens de foi. (people of faith).

De l'autre côté, un Afro-Américain, ouvertement gay, un pasteur Pentecôtiste progressiste de Harlem.

Il n'y avait pas de Musulmans parmi nous ce soir là - avec la guerre, ils le sentent encore moins que d'habitude de s'aventurer dans la très Juive Jérusalem-Ouest.

La moitié d'entre nous sont des ministres ou rabbins des États-Unis et d'Angleterre. Nous sommes à Jérusalem pour participer à la première conférence inter-religieuse des gay, lesbiennes, bisexuels et transgenres. Les autres sont reliés à la Jerusalem Open House, un centre gay et lesbien qui fait la promotion d'une série de conférences et de veillées.

Cette soirée - et le voyage - ont été arrangés pour nous aider à chercher des réponses à une question que nous avons en commun: Nos expériences d'oppression et d'exil, de libération et d'espérance, pourraient elles créer une ouverture vers le dialogue au-delà des fronts de la politique, de la religion, de la race et de la famille, un dialogue qui serait même instructif pour l'ensemble de la communauté humaine?

Comme une ville-fantôme

Plus tôt dans la journée, pendant que les membres Juifs de notre délégation observaient le Sabbat, les Chrétiens ont visité Bethléem. Notre première expérience du mur de séparation. Construit par le gouvernement après la deuxième intifada et la vague d'attentats suicides dans Jérusalem, le mur est une barrière physique qui divise les zones Chrétiennes et Musulmanes des zones Juives.

Le but officiel est de limiter la possibilité d'attentats suicides et de diminuer la violence dans la ville, ce qui semble un objectif atteint. Néanmoins, cela a un prix: les gens qui vivent de l'autre côté du mur (Musulmans et Chrétiens) ont perdu l'accès au travail, aux terres agricoles, aux soins de santé, aux écoles, aux aires de loisirs et plus généralement à la liberté de mouvement. En tant que Chrétiens, il y a quelque chose de surréaliste à devoir montrer ses papiers d'identité pour aller visiter le lieu de naissance de Jésus.

De mon précédent voyage en 1979, je me souvenais de Bethléem comme une ville grouillante d'activité, pleine de touristes, de boutiques et d'habitants. Durant ce voyage, au contraire, j'ai eu l'impression d'arriver dans une ville-fantôme. Les boutiques pour touristes étaient fermées, les places publiques très calmes. Nous avons déjeûné avec notre guide Chrétien et un pacifiste Musulman. Et nous avons écouté les nouvelles perturbantes sur les effets de la politique gouvernementale sur leurs vies, tout comme les histoires pleines d'espoir sur le travail de la résistance non-violente et l'éducation à la paix dans leurs communautés.

Le père James Alison, un théologien gay Catholique venant d'Angleterre, avait un rendez-vous avec un jeune Chrétien gay "dans le placard". Le jeune homme avait lu un livre de ses livres, Catholic and Gay, l'avait contacté par internet et n'arrivait pas à croire à sa chance que James Alison était à Jérusalem et prêt à le rencontrer.

Ce jeune homme avait habité Jérusalem toute sa vie, et avait l'habitude de se déplacer librement dans la ville. Maintenant, il habite en dehors du mur. Et alors qu'il lui faudrait normalement 20 minutes pour faire le trajet, il prévoit plutôt qu'il faudra quatre heures. En fait, personne ne sait jamais à l'avance combien le passage aux points de contrôle va prendre. Il raconta à James Alison qu'il lui est arrivé de se présenter avec ses documents, que le garde les a examinés puis lui a dit de s'asseoir, et qu'il est revenu trois heures et demi plus tard pour lui dire qu'il pouvait passer.

J'espère que ce n'est pas ma maison

Les jeudi à Jérusalem-Est, un groupe de Chrétiens se rassemble pour prier et déjeûner. Quelques-uns d'entre nous les ont rejoint ce jeudi-là. Ce fut une expérience rare d'avoir des Chrétiens et des Juifs célébrant ensemble et discutant de ce que l'Écriture pourrait nous dire du conflit israélo-palestinien.

Une Palestinienne Chrétienne, Joyce, se tourne un moment vers Jared, un Juif originaire de Concord et qui a déménagé à Jérusalem dans les années 90. Elle lui demande: "Dans quel quartier vis-tu?"

Quand il explique l'endroit, elle ajoute: "J'espère que tu n'habites pas dans ma maison!"

Elle lui raconte alors qu'elle était enfant en 1948 dans ce quartier, au moment où sa famille a été chassée de sa maison pour que les familles juives qui arrivaient puissent être logée. Jared en est resté muet. Plus tard, il explique pourquoi il est plein de gratitude pour avoir entendu cette histoire.

"Ce n'est pas ma réalité, dit-il, et il faut que j'en prenne conscience. Je préfèrerais vivre dans un quartier où se rencontrent Juifs, Musulmans et Chrétiens, mais qu'est-ce que je peux faire? Chaque fois que j'entrerai dans ma maison, j'aurai un souvenir pour la famille qui a été forcée de partir pour que moi je puisse y vivre."

Une de nos dernières visites a été consacrée à l'assocation Rabbis For Human Rights, qui aide les Palestiniens et les Israéliens à vivre en paix. L'un de leurs efforts majeurs est d'empêcher le gouvernement de détruire des foyers et quartiers Musulmans. Le directeur de l'association nous a emmené visiter une famille musulmane dont ils avaient en vain tenté de sauver la maison (car elle a été démolie), mais qu'ils ont reconstruite. Nous avons pris le thé ensemble: 20 activistes gay et lesbiennes avec un rabbin chez une famille musulmane, reconnaissant notre souci commun pour la paix, la justice et l'amitié.

Je suis allée à Jérusalem avec un group inter-religieux de responsables gay et lesbiennes cherchant la réponse à une question précise: Nous qui sommes des exilés dans nos communautés de croyants, pouvons-nous devenir ensemble des pélerins marchant ensemble dans ce combat pour une paix juste?

J'ai trouvé la réponse en allant prier à Saint-George, une centre anglican avec une église et une maison de retraite, situés à Jérusalem-Est. Après nous être présentés à l'un des responsables, elle ajouta immédiatement: "Dieu merci que vous soyez ici. C'est une telle honte que la seule chose sur laquelle les trois grandes religions présentes ici, ce soient des propositions homophobes. Votre présence est un témoignage que l'amour triomphe et que la justice est possible."

Voici ma prière pour la paix à Jérusalem et pour tous ceux qui sont touchés par l'Islam, le Judaïsme ou le Christianisme: que nous puissions transformer nos lieux de division, de souffrance et de peur en sources de relation, de guérison, d'espérance et de paix.

Salaam. Shalom. Paix.

 

Le Rev. Dr. Leanne McCall Tigert est un ministre ordonné de l'Eglise Unie du Christ. Elle préside la New Hampshire Association of Licensed Pastoral Psychotherapists et travaille comme professeur adjoint à la Andover Newton Theological School in Massachusetts. Elle a également un cabinet privé de psychothérapeute à Concord. Cet article lui permet d'introduire une conférence qu'elle pronconcera aujourd'hui en ville.

Elle a écrit (ou co-écrit) notamment:

en 2004, Transgendering Faith: Identity, Sexuality, And Spirituality ,

en 2001, Coming Out Young And Faithful,

en 1999, Coming Out Through Fire: Surviving The Trauma Of Homophobia,

en 1996, Coming Out While Staying in: Struggles and Celebrations of Lesbians, Gays, and Bisexuals in the Church

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